mercredi 27 juin 2012

Homard laqué au Sauterne et vins blancs de Bourgogne


Nous avons mis trois semaines à fixer une date qui accommodait suffisamment d’oenopotes pour tenir la dégustation de juin, la dernière de la saison. À l’origine, nous avions choisi le thème du Libournais, ou de Bordeaux rive droite si vous préférez, avec en vedette les vins de Saint-Émilion et de Pomerol. Mais nous avons vite revu nos plans avec les chaleurs torrides du début de juin. Des gros rouges à 30 degrés centigrades? Non merci. Du blanc? Pourquoi pas. Du Bourgogne? Ça ne déplait à personne. Avec des crustacés en plus? Go Christian, hôte de la soirée, on marche, que dis-je on court…

Nous sommes six, Theo et Olivier ne pouvant être des nôtres. C’est amical les Oenopotes, pas trop sérieux malgré la présence de plusieurs professionnels en sommellerie ou en cuisine, dont les ardeurs cognitives sont tempérées par les amateurs intenses et passionnés, plus ou moins formés (certains ont suivi des cours à l’ITHQ), qui composons la moitié du groupe.

Alignés devant nous, dans nos verres de dégustation, cinq beaux bourgognes aux couleurs lumineuses. Que c’est beau les blancs. On voit plus les nuances. Les brillances et les couleurs sont mises en valeur par la lumière. On devine l’âge ou la provenance selon l’intensité et l’évolution du jaune vers les dorés profonds et les tuilés. La verdeur révèle l’acidité, la jeunesse… Bref, c’est magnifique. Oui, je sais, c’est beau le rouge aussi, et on peut tout aussi bien deviner plein de trucs en examinant les couleurs et les densités, la brillance. Mais là on est avec les blancs et pas n’importe lesquels.

Un Beaune 2002 ouvre la marche, le Clos Saint-Désiré de Rodolphe Demougeot, rond, aux fruits intenses, belle longueur en bouche et une jolie finale. On enchaine  avec un Meursault de Rémi Jobard, le 1er cru les Genevrières, jeune, très jeune en millésime 2009, frais, tendu, un peu fermé, en finesse et qui promet formidablement. Il est déjà très beau après un séjour dans le verre d’une vingtaine de minutes, mais nos experts vous diront que les Rémi Jobard, il faut savoir les attendre longtemps. Désolé, on le boit tout de même.

Au centre, le pivot de la dégustation, un Puligny-Montrachet les « Enseignères » de la Maison Champy en millésime 2005. Là on se trouve un peu plus dans la tradition des chardonnays un peu boisés, plus ronds, plus beurrés, plus lourds aussi, avec du corps, des épaules et une persistance gustative intéressante et longue.

Tiens, un autre Jobard suit, celui d’Antoine, le petit cousin de Rémi, un  Meursault en 1er cru les Genevrières lui aussi, mais en millésime 2008. Superbe, une plus grande maturité que l’autre, un peu plus intense et rond, avec du fruit, de la finesse et une finale glorieuse. Trop jeune? Sans aucun doute, mais tellement bon déjà, comme celui du cousin Rémi. Un autre Beaune vient clore la séquence des vins, le Beaune Bressandes 2002 de Louis Jadot. Déjà en maturation, un peu « oxydatif », au nez et en bouche, ce qui annonce le début de son déclin. Une forte personnalité, un vin merveilleux avec le saumon et la truite fumée de la Gaspésie du début du repas,  mais qui s’accordait moins bien avec le  homard finement grillé et laqué au Sauterne que nous ont préparé Conrad et Simon.

Laqué au Sauterne? Pas le premier venu d’ailleurs, un premier grand cru classé, le Château Rayne Vigneau de 1999, une idée de Conrad qui l’a apporté. Nous avons tous gardé quelques morceaux du homard pour déguster avec le Sauterne à la fin. Génial. Les Meursault des cousins Jobard faisaient merveille avec le homard en prélude à la finale. On  s’est régalé mes amis et on se promet de repartir, au mois d’août avec les rosés,  et en septembre avec les rouges de la Côte de Beaune en Bourgogne.