jeudi 29 septembre 2011

Les Sauvignons du Chili

Comme sa grande voisine l’Argentine, le Chili affectionne plus les rouges que les blancs puisque seuls 27% des vins qui sortent du vignoble sont blancs. De ceux-ci, le Sauvignon est de loin le plus populaire.  Pourtant, si on le compare au Cabernet-Sauvignon, le rouge chilien dominant, la Syrah, le Merlot ou encore le Carménère, le sauvignon influence peu l’image de marque de ce pays.

 Alors, pourquoi assister au séminaire sur le sauvignon qui se donnait hier en marge de la grande dégustation annuelle des Vins du Chili à Montréal? Je connaissais les sauvignons français, italiens, sud-africains et néo zélandais, mais pas du tout ceux du Chili. Je ne pouvais passer à côté.

Une tournée rapide

Une heure avant le rendez-vous, pour me faire une idée, j’ai fait le tour des principaux producteurs et goûté leurs sauvignons. Une vingtaine au total. Ma première impression? Il y a de tout, dans tous les styles, la qualité est parfois au rendez-vous et les prix sont bas.

Le séminaire viendra confirmer cette première impression.

Le choix des 12 vins est judicieux et représentatif de ce que l’on trouve dans ce pays. La présentation du sommelier Bertrand Eichel fait le tour de la question avec des infos de « background » pas trop fastidieuses. C’est ce même Eichel qui avait fait le séminaire de l’an dernier sur le Carménère.

On passe vite en revue les 12 vins faute de temps car il faut libérer la salle et il n’y a pas assez de bouchées (quelques accords avec le fromage de chèvre) pour tout le monde mais le travail de Eichel est impeccable. Ses descriptions et ses notes de dégustation sont pertinentes, sans fla fla. Du beau travail et avec le sourire.

Que faut-il en retenir?

La plupart des Sauvignons proviennent des vallées de l’Aconcagua, de Casablanca et de San Antonio, des régions voisines situées au centre/nord du pays, où les nuits sont fraîches, à cause de la proximité des Montagnes et de l‘océan où circule le Courant de Humbolt, un courant froid qui remonte vers le nord.

Plusieurs sont de style néo-zélandais, hauts en contrastes, aux arômes d’agrume un peu envahissants et à l’acidité agressive. D’autres se rapprochent des meilleurs de la Loire et de l’Afrique du Sud, un peu plus végétal, mieux équilibrés, avec une certaine finesse. Et puis, il y a les autres, les vins de terrasse sympathiques dont on a peu à dire sinon qu’ils sont rafraichissants et sans histoires. Enfin, il y en a quelques uns qu’il faut oublier.

Mes préférés, dans l’ordre :

1) Le Tarapaca Gran Reserva 2011 de Vina San Pedro en IP, prix non disponible…
2) L’Amaral de MontGras 2010, code SAQ 11446534 à 17.95$
3) Le Ventisquero Queulat 2011, code SAQ 11541419 à 16.95$
4) Le Medalla Real 2010, de Santa-Rita, à 17.15$ en IP

D‘autres vins intéressants durant la dégustation?

- Le Carménère de la ligne Marquès de la Casa de la maison Concha y Toro; de la fraîcheur, de beaux arômes de fruit, pas trop boisé, à un prix plus que convenable, autour de 20$.
- L’Errazuriz, Don Manimiano Fouder’s Reserve 2007, puissant, racé avec un équilibre et une finale en bouche éblouissantes, un très beau vin mais cher à 78.25$.
- Les Pinots Noirs de Cono Sur, surtout le « 20 Barrels Limited Edition » 2008 à 28.15$
- Le Merlot de Cono Sur (encore eux) le « 20 barrel Limited Edition » 2008 à 27.95$


samedi 24 septembre 2011

Une aventure dans le monde des vins blancs.

Nous sommes dix autour de la table. Le petit verre de champagne « Les Murgiers » de l’ami Francis Boulard a réveillé nos papilles et animé les conversations.

On commence doucement


La première série de 3 vins circule d’un convive à l’autre, à l’anonyme.
L’albarino du Rias-Baxias en Espagne, le Fillaboa 2008, se montre très aromatique mais sans profondeur ni complexité. Le Gavi de Bruno Broglia du Piémont, fait de cortese, plait d’avantage. Plus subtil, plus complexe avec de la minéralité (nez légèrement pétrolé) et une belle acidité. L’Estate Argyros 2009, 100% assyrtiko, en réduction au début de l’après-midi, ne fait pas bonne impression malgré un coup de carafe de quatre heures. L’acidité est belle, la bouche un peu saline mais l’impact d’un nez légèrement « funky » demeure.

Passons aux choses sérieuses

La deuxième série démarre avec un assemblage du Frioul Italien, le Vespa Bianco, Bastianich 2008, fait principalement de chardonnay et de sauvignon et une touche de picolit, que les dégustateurs apprécient pour sa finesse et son acidité enthousiaste. Le Folio de Coume del Mas 2009, un Collioure en grenache gris et blancs et une touche de vermentino, rencontre un succès mitigé, à ma grande déception car j’aime les vins de Philippe Gard.

Le Château La Nerthe, un  Châteauneuf du Pape 2009 force l’admiration. Fait de roussanne, grenache blanc, clairette et  bourboulenc, il est complexe et d’une puissance mesurée pour un C9dP, avec une certaine finesse en bouche et une belle et longue finale. Enfin, le Montus 2000, un Pacherinc du Vic-Bihl d’Alain Brumont fait sensation par sa richesse olfactive, son côté presque capiteux en bouche, et sa superbe couleur d’un  jaune intense. Fait essentiellement de Petit Courbu, un cépage qui entre habituellement en assemblage des Jurançons, il a une belle capacité  de vieillir. Une petite minorité ne tombe pas sous le charme de ce vin vraiment original.

Une comparative de chardonnays italiens

On a tendance à négliger les chardonnays de l’Italie qui sont souvent réussis, surtout dans les régions du Nord. Les trois vins qui sont devant nous proviennent de producteur « top niveau » de l’Italie. Le Rossj-Bass, AOC Langhe, Pémont 2009, de Gaja est fin, d’une belle acidité, et fait penser à certains chablis en dépit d’une minéralité plus discrète. Les grands fans de chardonnay trouvent d’avantage leur compte dans le vin d’Aldo Conterno, un  Langhe aussi, 2007 cette fois-ci, est somptueux, riche, au boisé présent mais bien intégré, aux arômes de poires mûres. Enfin, le Lowengang 2006, un vin d’Alto Adige produit par Alois Lagader est fait sur le modèle des vins du nouveau monde; lourd, brioché, beurré, au bois ultra présent, qui plait à une solide minorité. Ce type de produit étonne de la part d’un vigneron qui nous a habitué à des vins plus fins, plus européens de style et de conception.

Attention on passe aux vins « oxydatifs »

Je lance cette série avec la Cuvée Victoria de Benoît Badoz, savagnin du Jura 2006, le cépage duquel on fait le fameux Vin Jaune. Tout le monde aime. Ce vin n’est pas ouillé, donc pas oxydatif, mais cela aide à amener les membres réticents du groupe vers la suite.

 J’enchaîne avec un Château-Chalon 1998 d’Henri Maire, un superbe Vin Jaune qui fait des prodiges avec un fromage Comté de 2007 et un l’Étivaz suisse de 2008. Suit un  Jerez Palo Cortado Viejo, essentiellement travaillé avec du palomino,  la cuvée Apostoles de Gonzales Biass, un vin qui a plus de 30 ans; un des 10 vins les plus intéressants que j’ai bus. Une couleur ambrée, des arômes d’une diversité et d’une complexité étourdissantes, une bouche dense, intense, très en sec au début et qui se termine dans une longue finale où vient se déposer un soupçon de sucrosité qui nous émeut. WOW!

On ferme la dégustation avec la cuvée Noé, du même producteur, fait exclusivement avec du Pedro Ximénez, un vin d’une douceur infinie, sombre de couleur, à la texture liquoreuse et suave. Un superbe vin qui fait pâlir les Portos, même les plus vieux. Deux des dégustateurs sont incapables d’apprécier ces trois vins et quelques autres aiment plus ou moins l’un ou l’autre de ces vins. Nous sommes 5 à trouver qu’il s’agit là d’une grande fin de dégustation. Cela dit, nous rentrons tous heureux.

jeudi 15 septembre 2011

Une dégustation toute en sauvignon: le Club "2 Gars des Filles"

La dégustation prend du temps à démarrer, le groupe ne s’est pas vu depuis la mi-juin. Après quelques appels vocaux retentissants, le Gentil Organisateur convainc les filles et les 2 autres gars de s’asseoir pour déguster la première série de 4 vins destinés à illustrer la diversité relative du sauvignon.

La première vague
Peu de choses à dire sur le Saint-Bris 2009, un anachronisme bourguignon produit au sud du Chablis dans le Vignoble du Grand Auxerrois et qui se montre peu convaincant. Le Domaine d’En Ségur 2008. Vin de pays des Côtes de Tarrn, herbacé, doté d’une acidité modeste, représente bien les sauvignons de région chaude. Le Blanc Fumat de Colli Eugenio Collavini 2007 du Frioul italien est légèrement oxydé, sans doute un vieillissement prématuré. Enfin, le Montes 2010 du Vignoble Leyda au Chili, se fait remarquer par une belle acidité, ses arômes d’agrumes pas trop explosifs, son bel équilibre et un prix doux à 16.85$. Très typique des régions plus froides.

La deuxième vague
Deux vins de régions fraîches ouvrent la voie de cette vague ; deux vins de l’hémisphère sud, un sud-africain et un incontournable néo-zélandais, deux pays reconnus pour leurs sauvignons.

Le vin d’entrée de gamme de Klein Constantia 2010 impressionne ; équilibré, belle acidité, beaux arômes d’agrumes, pamplemousse blanc et touche de citron, et une finale en bouche de longueur respectable, un vin à prix modeste:18.00$. Le Kim Crawford 2009, vin emblématique de la région de Malborough en Nouvelle-Zélande, est tout à fait fidèle à lui-même : arômes de pamplemousse rose très agressifs, bouche obsédante, peu subtile, à l’acidité exacerbée. « In your face ». ll déplait à une nette majorité.

Le Château Cruzeau 2007, un Pessac-Léognan, plus rond, aux arômes de poires vertes, visiblement élevé en barrique, passe bien la rampe même si le style déroute un peu. Le Château Saint-Jean 2008 de la Russian River Valley en Californie, élevé avec la même approche, déçoit. Le bois est envahissant, mal intégré, le fruit est occulté, l’acidité mise en berne.


La pause bouffe
On fait une pause pour manger un peu et vérifier les qualités gastronomiques des 4 vins. Au menu : asperges blanches avec huile citronnée, saumon fumé de Nouvelle-Écosse avec oignons, câpres, huile douce et touche de citron, et ceviche de pétoncles avec persil.
Les vins qui s’en tirent le mieux : le sud-africain et le bordelais.

Une finale toute en Loire
On aligne maintenant les 3 Sancerres, ceux de Alphonse Mellot, « La Moussières 2009 ; de Henri Bourgeois, la cuvée Jadis 2008 ; et de Claude Riffault, la cuvée les Boucauds 2008. Le Blanc Fumé de Pouilly 2008 du Domaine Didier Dagueneau ferme la marche. C’est l’abondance et la révélation pour les dégustateurs sur le potentiel du Sauvignon à donner de beaux vins, de très beaux vins… Le plus puissant, celui d’Henri Bourgeois, le plus acide celui de Riffault ; le plus versatile et le meilleur rapport qualité/prix, celui d’Alphonse Mellot ; enfin, le plus fin, le plus profond, celui qui a dominé la soirée « le Blanc Fumé de Pouilly »  du Domaine Didier Dagueneau.

Qui s’accorde avec les fromages ?
Les plus aptes à s’accorder avec les fromages de chèvres, le Brebis et le pâte ferme de lait de vache : le Alphonse Mellot et le Henri Bourgeois. Curieusement, le Dagueneau, plus fin, plus subtil est le seul à s’accommoder un tant soit peu de la puissance aromatique et texturale du Beaufort de Savoie. Le Brebis était un Zachary Cloutier. Les chèvres : le Carré Villageois et le Bouq’émissaire de France ainsi que la Tome des Joyeux Fromagers du Québec.
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Les coups de cœur :
Le Didier Dagueneau, le Henri Bourgeois et l’Alphonse Mellot, trois vins de la Loire.

Aimés presque unanimement; le Klein Constantia d’Afrique du Sud et le Montes du Chili.

Appréciés mais en retrait des précédents, le Claude Riffault et le Pessac-Léognan.

mercredi 14 septembre 2011

Une incursion en Vallée du Rhône ave le Club des Finauds

Tous les membres réguliers du Club des Finauds sont des anciens du programme de formation continue en sommellerie de l’ITHQ. Ils sont tous présents sauf Carole  partie en vacances vinicoles au Portugal.

Nous sommes donc huit, sous la gouverne de l’ami Julien qui a préparé la dégustation qui porte sur la Vallée du Rhône septentrional. Julien et le Rhône sont indissociablement liés depuis qu’il y a fait un stage professionnel en cuisine il y a de cela quelques années.  

Neuf bouteilles nous attendent dont un blanc qui ouvre la marche. Il y a une comparative de 5 Saint-Joseph du millésime 2007. Nous dégustons à l’anonyme.

Un Condrieu
Le blanc est vite identifié comme un Condrieu malgré une exubérance aromatique un peu éteinte au début, le vin étant un peu froid. Délicieuse cette cuvée Les Terrasses 2009 de Georges Vernay. Belle longueur, le fruit enthousiaste et une trame aromatique riche et intense, comme  il se doit.

Les Saint-Joseph
Nous enchaînons avec les Saint-Joseph. Un des vins est sorti de la vague,  un Jean-Louis Chave 2007 (snif, snif), affecté légèrement par une piqure ascétique qui fut vite repérée par Adam, notre nez « à fleur de peau ». Parmi les 4 survivants, nous savons qu’un est fait en Bio, un autre est un vin de négoce, un troisième est un intrus, sans doute d’un millésime différent. Julien parle beaucoup et finit par nous donner des indices.

Pour faire court, disons tout de suite qu’un des vins restant est un peu rejeté à cause d'un nez à l’arôme prononcé de viande hachée crue qui occulte tout sauf le poivre blanc si caractéristique des syrahs du nord. La rétro-olfaction en bouche confirme cet arôme obsédant.  Pourtant, c’est la cuvée Les Coteaux 2007 des frères Eric et Joël Durand, deux vignerons respectés. Quelqu’un peut nous aider à identifier le problème si problème il y a? 


Des trois qui restent deux sont très appréciés : la Cuvée Larzelle 2007 des Vins de Vienne et le vin de négoce 2007 de Pierre Goron . Le 2006 de Jean de Lobie de la Ferme des 7 Lunes, produit en bio, se révèle plus discret mais fort agréable.

En finale, 3 vins, 3 appellations différentes
En rouge, il nous reste 4 appellations; Côte Rotie, Hermitage, Crozes-Hermitage et Cornas. Une des appellations n’est pas représentée dans cette vague finale.

Le Crozes-Hermitage d’Alain Graillot 2007 est vite identifié, puisque plusieurs d’entre nous connaissons et apprécions ce vin. Les deux font problème, surtout le dernier qui est magnifique de puissance et de complexité, sans aucun doute le roi de la dégustation de ce soir. La plupart croit y voir un  Hermitage les autres un Cornas et une infime minorité un Côte Rôtie.

Celui du milieu présente un nez plus délicat, avec de la muscade, du  poivre noir, des arômes de café et de boîte de cigare. Sa bouche est plus relevé, aux tanins soutenus au grain fin, arômes de torréfaction très présents; café, chocolat, tabac. La plupart croit au Côte Rôtie,  l’infime minorité y voit un Cornas malgré l’absence de rusticité, de rugosité que l’on retrouve souvent dans les vins de cette appellation.

Finalement, le 2e est bien un  Cornas, la cuvée Les Arène 2006 de Chapoutier et le 3e un Côte Rôtie, celui du Domaine Jamay 2006 aussi; une merveille de complexité, une qualité remarquable, un « secret bien gardé » dira Julien.

À la prochaine
On se quitte vers 22h00, heureux et contents. Adam nous donne rendez-vous en octobre avec un jeu de dégustation qui promet à partir des vins de la rive gauche du Bordelais.


mardi 13 septembre 2011

La tague des sept péchés capitaux du vin.


L’avarice:
Quelle bouteille avez-vous trouvé outrageusement bonne malgré un prix honteusement bas?
L’AIR 2006, d’Antonio Lopes Ribeiro, Vinho Régional Alentejo do Portugal. Délicieux, frais, pimpant et pas cher, pas cher mon frère…

La Paresse :
Quel vin n’avez-vous jamais goûté par flemme de vadrouiller dans X caviste pour trouver?
Un humagne rouge lors de mon voyage en Suisse.

La luxure :
Dans quel vin aimeriez-vous prendre un bain et faire des bisous avec votre moitié.
Le Vin de Constance du Vignoble Constantia Klein d’Afrique du Sud. Un superbe vin doux, onctueux, à la sucrosité légère et sensuelle produit à partir du Muscat de Frontignan. Une douche s’impose après, augmentant le plaisir.

L’envie :
Quel vin dégusté sans vous par l’un de vos amis ou connaissance vous a fait le plus envie (et enragé)?
Un Romanée-Conti, la seule chance réelle que j’aurai eu d’en goûter un.

La gourmandise :
Quelle bouteille pourriez-vous siffler tout seul d’une seule traite ou presque?
Un bourgogne, cuvée Ma favorite, Gevrey-Chambertin, d’Alain Burguet.

La colère :
Quel vin vous  a tellement déçu que vous l’avez jeté de colère après l’avoir dégusté?
Un COT de la Loire dont je tairai le nom mais qui était si mauvais que l’ai balancé les six bouteilles dans le caniveau.

L’orgueil :
Quel vin pensez-vous être le seul à apprécier sa valeur?
Nous sommes peu nombreux à apprécier le Côte des Cailloux de Coturri-Mathieu 2005, un assemblage de Syrah, Grenache, Mourvèdre de Californie, un vin en réduction prononcée d’un niveau d’alcool indécent à 16.5%.

Une dégustation toute italienne chez les Oenopotes

Nous étions 7 « oenopotes » au départ, 8 à l’arrivée et on ne s’était pas vu depuis le mois de juin. Ce qui explique sans doute le côté très « relaxe » de cette dégustation toute italienne mais sans la Toscane et le Piémont. 

On a eu de beaux coups de cœur et mais aussi des déceptions.

Un début foudroyant
Nous amorçons avec deux vins de Sicile, de l’Azienda Agricola COS, un blanc et un rouge. Le blanc nous séduit tout de go, aromatique, fenouil et fruits blancs, avec une bouche équilibrée, d’une belle longueur. La Cuvée Pithos 2009, en IGT(1), issue du cépage Grecanico, cultivé au pied de l’Etna, fermenté et élevé en Amphores de terre-cuite de 400 litres durant 7 mois. Une curiosité. On apprend que le Grecanico est nul autre que le Garganega de Vénétie avec lequel on fait le Soave. Beaucoup plus de tenue et de corps, même comparé aux meilleurs des vins de  Pieropan. Ça commence bien.

On enchaîne avec une DOCG(2), une des rares de Sicile sinon l’unique, un Cerasuolo di Vittoria 2008, 60% Nero d’Avola, 40% Frappato, deux cépages indigènes de la Sicile, élevé en foudre de bois pour plus de 18 mois. Belle qualité de fruits, de la fraicheur, fidèle aux cépages, au potentiel gastronomique évident ce qui se confirmera plus tard. Un beau vin, disponible à la SAQ à 25$. Une aubaine.

La suite est moins glorieuse
Nous alignons 3 vins de la Maison Marion de Vénétie. Une maison aux belles étiquettes classiques, dont les vins sont prisés et souvent louangés. Il y a un Teroldego (cépage exclusif à la région) 2007, un Cabernet-Sauvignon 2007( en IGT) et un Valpolicella Superiore 2005, fait de Corvina, Rondinella et Molinara, les 3 cépages principaux du Valpolicella.

Le Teroldego est lourd, rustique, rugueux devrais-je dire, au boisé envahissant, aux fruits compotés presque escamotés par la vanille sucrée et omniprésente. Le Cabernet-Sauvignon suit dans la même lignée, mais en moins sévère. Un vin que des dégustateurs à l’anonyme prendrait certainement pour un vin de Californie des années quatre-vingt dix et 2000. Un style « Nouveau Monde » à ne pas s’y tromper. Un vin qui se vend bien mais qui ne plait aucunement à notre table, plutôt exigeante. Le Valpolicella suit et ne déplait pas, une acidité présente, des arômes de fruits noirs présents malgré un boisé un peu lourd. Plus tard, lorsque notre huitième convive arrivera avec un Valpolicella de la même année, vinifié par Cecilia Trucchi de Villa Bellini, léger, frais, sans lourdeur, le Marion aura à se tasser un peu.

Arrive la finale mais dans le désordre du service de la lasagna, la faim tenaillant la tablée. Dommage car les vins étaient beaux et de régions moins connues.

On repart en qualité
D’abord, le Stelle 5 Sfursat 2002, DOCG(2) de Lombardie , fait de Chiavennasca (clone du nebbiolo piémontais) est somptueux, aux arômes en tertiaire; amandes grillées, tabac, un soupçon de caramel , des tanins présents mais fins. Un vin puissant qui de façon surprenante verra son acidité s’évanouir un peu plus tard. Personnellement, c’est la première fois que j’assiste à ce genre de diminution rapide de qualité d’un vin normalement de superbe tenue. Suivent deux Aglianicos; le Titolo 2007, un Aglianico del Vulture en Basilicate, et un Taurasi du Campanile de la maison Mastroberardino, la Cuvée Historia 2004. Les deux sont superbes, puissants aux tanins relevés mais fins, un peu boisé mais bien intégré, pas encore en arômes tertiaires. Ils tiendront le coup tout au long de la soirée, le Taurasi révélant de  belles qualités gastronomiques. Ah, j’oubliais, nous avions aussi un Zinfandel 2007 de la maison Californienne DeLoach, écrasé par les 3 précédents.

En résumé.
- Très prisés, les deux vins de Sicile de la maison Cos et le Valpolicella Bellini,
- Très appréciés, le Titolo du Basilicate et le Taurasi du campanile, deux DOCG
- Appréciés, le Stelle 5 Sfursat et le Valpo de Marion
- et à oublier, le Teroldego et le CAB de Marion et le ZIN de DeLoach.

(1) Indicazione Geografica Tipica, l’équivalent du Vin de pays français.
(2) Denominazione di Origina Controata y Garantita, le sommet de la     pyramide des appellations en Italie

jeudi 8 septembre 2011

Tango, Tango, accents tragiques, deseperado...

Un tango si beau

C’est un rythme qui colle à la peau,
Un rythme qui vibre à San Telmo.                                   
Une musique de déchirures,
De robes du soir et de dorures.                                                                       

Tango, Tango,                                                                       
Tango tragique, un peu mélo.                                              

Une danse qui nous entraîne,
Où l’on fonce à perdre haleine.
Des hanches qui se bousculent,
Des cadences où l’on bascule.

Tango, Tango,
Tango épique, desesperado.

Des hommes aux passions ardentes,
Graves et  élégants,
Enlacent des femmes brûlantes,
Aux regards incandescents.

Tango, Tango,
Accents tragiques, un peu mélos.

On le danse, on le chante,
À Cordoba et Montevideo,
Il enchante, il nous hante,
À Mendoza et Rosario.

Tango, Tango,
Tango, desesperado.
.
Les Milongas et  Bars Tangos,
De la Boca ou Palermo,
Monserrat et San Telmo,
D’où viennent ces Tangos si beaux.

Milongas de San Telmo,
D’où viennent ces Tangos si beaux.
Milongas de San Telmo,
D’où viennent ces Tangos trop beaux.

Daniel Gourd, chanson, 2006






La musique donne de l'âme et du rythme à nos vies...

Elle est classique ou jazz,
Country, folk ou blues,
Brésilienne,
Cubaine,
Africaine.

La Pop,
Le Bop,
Le Hip et le Hop
Le Bebop ,
La bossa, la samba,
La guajira, le cha-cha-cha,
Le Tango, le Mambo,
Le  Son, le Montuno
Et le Fado.

La musique est noire,
Elle est blanche,
Elle chante en Créole ou en Lingala,
Elle est Calypso ou Kompa.
Elle parle des autres, elle parle aux autres,
Autres peuples,
Autres vies.

Elle fait voyager, rêver,
Pleurer.
Elle fait sourire et fait rire,
Elle émeut,
Elle bouleverse.

La musique est refuge,
Un tremplin vers la joie,
Une lumière dans la nuit.


Elle est théâtre,
Elle est poésie.

La musique chante,
La musique danse.

Elle parle plus fort que les mots,
Elle dit plus vrai que les images.

La musique est belle,
Elle est rebelle,
Violente,
Envahissante.
Elle est aussi paisible,
Douce, intime.
Elle peut-être sensuelle,
Amoureuse.
Dépouillée,
Somptueuse.

La musique est généreuse.
Elle apaise, réconcilie.
Elle berce et console,
Elle guérit.

La musique fait naître l’espoir et le plaisir,
Elle fait naître le désir.

La musique donne de l’âme,
Elle donne du rythme à nos vies.





Il y a des jours où on devrait rester au lit.



Il y a des jours où j’affiche complet. Vous savez ces jours où on ne peut plus rien avaler, plus rien digérer; des jours qui commencent pourtant de manière anodine. Les athlètes diront un jour « sans ». Sans quoi? Sans ce je ne sais quoi qui vous porte vers le soleil, vers la lumière, vers l’exploit, ou vers les autres.

Ce sont des jours de repos, des jours de replis, des jours où l’on plonge en soi, des jours de cohabitation discrète avec vos proches qui sentent bien la spirale introvertie de la pensée centrifugeuse. Ça commence par une ou deux minutes d’hésitation sur le programme de la journée, puis cela se prolonge au delà des pages du journal que l’on essaie de lire, distraitement, avec un sentiment de déjà vu qui vous glace. Deuxième café? Peut-être pas. Qu’est-ce que j’avale ce matin, à part ce cafard insidieux qui se glisse doucement, subrepticement en moi. Le regard  de la beauté calme s'assombrit. Elle sait, me quitte des yeux, se lève, gracieuse, file vers son ordinateur et la grande toile qui l’attendent, où il se passe tellement de choses et rien à la fois. J’affiche déjà complet?

Il faudra bien que je me décide. Il ya les chiens à mener vers leur courses dans le boisé de nos promenades communes. Il y a la chaine du vélo à huiler au cas ou le vent accepterait de remettre ses bourrasques à plus tard. Je regarde le piano qui m’attend ce matin comme tous les autres matins. J’effleure les notes sans émotions… Un jour sans je vous le dis… Un jour où je vais sans doute afficher complet…

« Le goût du vin » d’Émile Peynaud me nargue, là, posé sur la banquette qui s’étale le long de la fenêtre de mon bureau, cette fenêtre sur le jardin qui m’apporte tant de joies et de  plaisirs quand il fait soleil et que ça grouille d‘oiseaux et d’écureuils. Pas le goût du goût aujourd’hui Emile. Désolé. Le goût de quoi alors? Bien, de rien, aujourd’hui du moins, alors que j’affiche complet.

Je ne suis pourtant pas malade, pas indisposé, pas déprimé. On dirait que mon enthousiasme, ma passion de la vie ont pris congé, sont partis faire un tour en me laissant seul avec mon « moi », mon égo qui prend tant de place d’habitude, et que je n’aime pas fréquenté en solitaire, ne raffolant pas des tourments intérieurs et des déchirements intimes.

 Les chiens normalement insistants se font rares. Ils n’aiment pas les jours sans. Les marches sont moins longues moins palpitantes, à cause des laisses courtes et chagrines qui entravent leurs élans… Ils sont patients les chiens, plus que les humains. Pourtant,  ils soupirent déjà à l’idée que j’affiche complet. Ma compagnie n’est pourtant pas dérangeante. Je ne suis pas maussade, impatient ou irascible. Seulement absent et vague, vague de l’âme et du corps. Un  jour sans, un jour absent.

J’errerai toute la journée, d’une hésitation à l’autre, d’un soupir à un autre, en ce jour, sans sourires, sans rires, car aujourd’hui, j’affiche complet. Les heures défileront lentes et lancinantes, sans but sans raison d’être, jusqu’à la nuit, jusqu’au sommeil car aujourd’hui j’affiche complet. Le verre de vin et le repas du soir n’auront pas d ‘éclat, pas de lustre, n’allègeront pas le sentiment lourd et insidieux que j’aurais mieux fait de rester au lit ce matin car aujourd’hui j’affiche complet. Le sourire éblouissant de mon amour, son regard profond ne me troubleront pas ce soir, car aujourd’hui j’affiche complet.

« Tomorrow is another day my love » dit-elle gentiment. Indeed. « Bonne nuit et à demain alors et n’oublie surtout pas de ranger ton affiche avant d’éteindre ».

mercredi 7 septembre 2011

Un coup de foudre musical qui dure depuis cinquante ans.

Durant mon enfance, mon père descendait parfois au salon du sous-sol, se mettait au piano et jouait inlassablement les deux mêmes pièces : « Siboney » la cubaine, et « Brazil » d’Antonio Carlos Jobim. Il les déclinait de toutes les façons pendant des heures. C’est lui qui m’a donné le goût de pianoter et d’explorer l’univers de la musique latine.

Puis, des années après, vint le film « Orpheo Negro » de Jules Dassin (le père de Joe) qui a propulsé la musique brésilienne à l’avant plan avec « Manha do Carnaval » de Luiz Bonfa et l’inoubliable « Felicidade », la première bossa nova à sortir des frontières du Brésil.

Pour son auteur, Antonio Carlos Jobim, ce fut le début d’un long et brillant parcours international amorcé aux USA en 1964 où il produisit un disque génial qui a fait école, avec le guitariste et chanteur Joào Gilberto et le saxophoniste Stan Getz. Ses chansons : « The girl from Ipanema », « Desafinado », « Doralice », « Corcovado » ou « O Grande Amor » feront le tour du monde portées par la voix et le phrasé unique de Gilberto, les arrangements subtils de Jobim et le son feutré de Getz.

Dès lors, je n’eus de cesse d’écouter tous les « bossa novistes » de la planète, tous les interprètes de cette musique soyeuse et mélancolique en même temps que les auteurs de chansons qui s’inspiraient de ses rythmes et de ses sonorités. Baden Powell, Dorval Gaymi, Chico Buarque di Hollanda, Caetano Veloso, Djavan, Milton Nascimento, Gilberto Gil, Ney Matogrosso,  Toquinho m’ont suivi tout au long des ans même si je prenais le temps d’explorer le reste du monde et ses musiques. Le jazz qui s’inspirait de ces courants musicaux prenait aussi de la place sur mes tables tournantes ainsi que toutes les belles chanteuses du Brésil lointain : Gal Costa, Fafa de Belhem, Alcione, Rosa Passos et mon grand amour, Elis Regina, fabuleuse et fragile interprète des airs de Jobim.

Le temps passa, la carrière de journaliste et de gestionnaire de télévision m’emporta pendant 30 ans et, bien que j’écoutais encore et toujours de la musique, j’ai cessé complètement de jouer du piano durant toutes ces années.

À ma retraite, il y a six ans, j’ai fait le choix de réapprendre le piano avec l’objectif avoué de pouvoir jouer du Jobim. Avec les conseils précieux de mon professeur, la pianiste et organiste de Jazz Vanessa Rodriguez, j’ai réussi à retrouver un  peu de ma technique mais surtout appris énormément sur les arrangements, les progressions d’accord, les particularités rythmiques de la musique cubaine et brésilienne, si bien que je pus jouer Desafinado et quelques autres de ses chansons après 18 mois d’un  travail acharné  à raison de 3 à 5 heures par jour. (Merci à Hélène et Alexia qui ont eu la patience de m’écouter pratiquer durant tous ces longs mois.)

Ma technique laisse à désirer, ma vitesse aussi, mais je m’amuse beaucoup et prend un grand plaisir  à laisser les notes s‘échapper pour refaire les jolies mélodies, finement ciselées et les arrangements profonds et complexes du grand maître de la bossa nova. Je joue enfin du Jobim, un grand privilège et un cadeau de la vie.

Si vous voulez le connaître et l’apprécier, le fameux disque avec Gilberto et Getz est en réédition permanente et très facile à trouver. Il y a aussi tous les disques d’Elis Regina faits en duo avec Jobim ou seule avec orchestre qui vous donne toute la pleine dimension et la finesse des pièces du compositeur. Les meilleures selon moi : Desafinado, Felicidade, O Grande Amor, Corcovado, Aguas de Março, Triste, Chega de Saudade, One note samba et La Mulier de Ipanema trop souvent estropiée par des versions sirupeuses et racoleuses.

Vous serez étonné de reconnaître des airs que vous avez entendus ici et là sous toutes sortes de forme et de genres musicaux, sans nécessairement savoir qu’ils émanaient d’un compositeur qui a marqué la musique de son pays mais aussi celle du monde. Vous comprendrez peut-être ce coup de foudre musical qui dure depuis cinquante ans.

dimanche 4 septembre 2011

Ma maison la Bourgogne, mon village le Pinot Noir


Le pinot noir est mon cépage préféré. De l’avis des experts et des poètes, il est périlleux de le cultiver et de le vinifier. On dit de lui qu’il est capricieux, difficile à saisir, à circonscrire. Qu’il faut être attentif à ses besoins sans trop le contraindre car il est fuyant, insaisissable, indomptable. Une fois en cuve, il faut laisser la nature faire son travail, en intervenant le moins possible. Bon, je m’égare un peu.

Les vins qu’il produit me réjouissent et me vont comme un gant. J’aime ses arômes de cerise noire, de mûre et de fraise en jeunesse, ses arômes plus sensuels et plus troublants de cuir, de sous-bois, de champignons en maturité. Le fruit reste toujours présent mais se complexifie avec les années, accompagné aussi par des effluves d’encens et d’épices.  J’aime la discrétion de ses tanins, l’élégance de sa robe et son intensité en bouche, la longueur du plaisir qu‘il procure. Un vin soyeux même en puissance. Et la plupart du temps il est digeste. Oui, oui, je sais, c’est l’amour.

Pas l‘amour pour les petits pinots rapidement ficelés avec des raisins pas assez mûrs ou en mauvaise condition, des vins issus de  fermentations surchauffées , aux bois grossier et envahissant, pâteux . Ou ces petits vins évanescents, sans relief, sans personnalité, transparents, aux arômes faméliques et au goût exsangue. Non j’aime les beaux Pinots et Dieu sait s’il y en a un peu partout dans le Monde.

C’est à travers mon amour de la Bourgogne que j’ai connu le Pinot Noir, cette Bourgogne où je me suis senti chez-moi dès ma première visite à la fin des années soixante-dix et par la suite. J’étais reparti vers l’Afrique où je travaillais avec dans mes valises des trésors de Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, des Clos Vougeot, des Pommard et autres Volnay.
Je connaissais peu de choses aux vins à l’époque. Nous buvions ce que nos trouvions dans nos Régies des Alcools de l’époque, et lors des premiers pas de nos SAQ,, et ce n’était pas toujours intéressant lorsque vous viviez avec un salaire de journaliste ou de professeur de journaliste. Mais la découverte des vins de Bourgogne m’a pour toujours attaché au Pinot Noir et au Chardonnay, les cépages fétiches de cette magnifique région vinicole.

Attention, c’est cher un bourgogne, même un vin d’entrée de gamme, et il faut payer un peu cher pour boire quelque chose qui en vaut la peine. Alors, vous pouvez vous tourner vers la Nouvelle Zélande et les vins de Central Otago ou de Marborough, si vous aimez les pinots noirs exubérants et explosifs mais qui s‘évanouissent rapidement une fois ouverts. Ou encore ceux de l’Australie qui sont pas mal dans les régions les plus froides au Sud. Il y en a de très beaux en Oregon et dans  l’État de Washington et dans quelques régions de la Californie; Carneros et Russian River Valley principalement.  Ici, juste à côté de chez nous, sur le Bench de Niagara; Tawse, Clos Jordane et Hidden bench entre autres font des Pinots Noirs qui s’améliorent constamment et qui valent le détour malgré leur prix.

La Suisse en fait des jolis et sans histoire, l’Italie aussi, et dans certaines régions de France vous pourrez trouver des Pinots Noirs à prix abordables, comme en Loire (Sancerre et Menetou Salon), en Alsace ou dans le Jura. Prenez tout de même l’avis du conseiller de la SAQ car beaucoup de vins ordinaires proviennent de ces régions.

Vous aurez compris que le Pinot Noir, comme le Riesling et le Sauvignon blanc, est un raisin de régions froides car il atteint sa maturité rapidement et peu souffrir énormément d’un climat trop chaud, de nuits trop chaudes.

Mais le pays du Pinot, là où il donne sa pleine mesure, c’est la Bourgogne. On y produit les plus grands vins du monde, du moins mes plus grands vins du monde. Si vous avez un peu de sous ou si vous êtes disposés à connaître une grande expérience, un moment de belle émotion, payez-vous un vrai bon Pinot Noir, un 1er Cru ou un  Grand Cru de la Côte d’Or, et mieux de la Côte de Nuit aux noms de communes  évocateurs : Morey-Saint-Denis, Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Chambolle-Musigny, Nuits Saint-Georges etc. L’expérience sera inoubliable. 

Mon village est le Pinot Noir, ma maison la Bourgogne.

J'aime le carmenère du Chili.



Jusqu’à la fin des années quatre vingt dix, les chiliens ne savaient pas qu’il y avait du carmenère en quantité dans leurs vignobles. Ils croyaient dur comme fer que c’était du merlot, un merlot fort différent, mais un merlot tout de même… Puis un savant chimiste fit des analyses d’ADN pour découvrir que ce drôle de merlot était en fait un cépage originaire du Bordelais, presque disparu, le CARMENÈRE. OUPS! Gigantesque OUPS!

Qu’à cela ne tienne. Puisque le merlot chilien, plaisait, malgré ou à cause de sa différence, ce merlot qui n’en est pas un pourrait servir à un nouvel élan de la viticulture de « los chilenos », un peu comme le MALBEC a propulsé l‘Argentine dans la cour des presque grands. Dès lors, les chiliens sont devenus des « pusher » de CARMENÈRE.

La consécration est venue en 2008, lorsque le Clos Apalta de Casa L’Apostole, un assemblage où le carmenère dominait, est couronné « Vin de l’année » par le magazine Wine Spectator. Un vin chilien no 1? Un vin où trône ce cépage étrange, arraché aux oubliettes du temps? My god, those yankees have gone wild or what? Pendant que les pros et les antis Wine Spec  s’affrontent une fois de plus sur la place publique du vin, au Chili on jubile. « Andale, todos con el carmenère. »

Pas surprenant que les vins du Chili, en visite cette semaine à Montréal, organisent un « master class » sur ce cépage, avec en prime une dégustation de 11 crus différents, presque tous  à 100% carmenère. En compagnie de mon ami Julien, cuisiner au Casino et sommelier par amour du  vin, nous rejoignons l’auguste et savante assemblée d’une quarantaine de personnes qui y assistent verre à la main. Qu’en dire?

Malgré une certaine insistance sur le bois, une caractéristique prononcée des vins d’Amérique, nous sommes agréablement surpris. Des vins de fort belle structure, avec un rapport équilibré, parfois harmonieux, entre les tanins, l’acidité et l’alcool.  Plusieurs ont une belle longueur en bouche, un signe de qualité, et sont dotés d’un bon potentiel de garde. De très bons vins quoi, avec un bois bien intégré. « Pas toujours » dira Julien. Une particularité, ce cépage, comme le carignan en Languedoc-Rousillon , commence à donner de bons vins lorsque les vignes prennent de l’âge; quarante, cinquante ans, voir plus.

Nos chouchous : le De Martino Legado réserva 2008, le Réserve 2007 de Viu Manent, l’assemblage carmenère-carignan 2008 de Terra Andina, La Capitana 2008 de Vina la Rosa et le Pehuen 2005 de Santa Rita (ça c’est moi, Julien le trouvait trop boisé).

OH, je ne vous l’avais pas dit, j’aime le CARMENÈRE depuis plusieurs années, comme le CARIGNAN d’ailleurs…  Ringard? Peut-être, mais impénitent et heureux.

Un détour par le Languedoc-Roussillon.

Nous avions choisi 11 bouteilles pour illustrer ce qui se fait en rouge dans l’un des principaux vignobles de France,  connu pour sa diversité et som esprit frondeur.

Même si c’est le royaume des Vins de Pays (55% de la totalité), et aussi des vins différents (funky diront certains), nous sommes tout de même restés à l’intérieur de balises assez classiques, sauf pour la Cuvée Elles de Bordès, 100% Syrah, qui en a dérouté plusieurs mais enchanté les autres avec le petit lunch que nous avions préparé en finale.

Une bouteille de Blanquette de Limoux ouvrait la dégustation

Un  seul 100% Carignan, Lo Vehl du Domaine Gravillas, un VdP de la Côte de Brian 2004, en vieilles vignes comme il se doit et qui n’a pas vraiment séduit les convives; pas assez de matière, un peu asséchant en finale. De même. la cuvée Maxime du Domaine des Hautes terres, un Limoux 2007 (Malbec, Merlot, Cabernet-Sauvignon), qui ouvrait la dégustation a peu impressionné,
à peine teinté par la levure « Bret », ce qui déplait en général.

Les Cocalières du Domaine d’Aupilhac en Côtes de Languedoc Montpeyroux 2005, assemblage GSM (Grenache, Syrah, Mourvèdre), a soulevé l‘intérêt par sa netteté et le soyeux des tanins. Il fut suivi de Quadratur, de l’ami Philippe Gard, Domaine Coume del Mas, (GSM), en AOC Collioure, qui a plu par l ‘ampleur de son nez, la diversité de ses arômes et une assez belle longueur en finale. Dès lors, nous avons amorcé une montée qui nous a ravis.

La deuxième série a fait l’unanimité.  La très belle Grande Cuvée du Domaine de l’Hortus, Pic Saint-Loup 2007 fut légèrement préférée à la cuvée Terre de mon père, du Clos de la Bagatelle, un  Saint-Chinian2004; la cuvée Les Forges de Gérard Bertrand, un Corbières Boutenac 2005  et Rarissime, un Faugères 2003 vinifié par Thierry Rodriguez de Mas Gabinèle. Tous assemblages GSM.

La finale a mis en scène la cuvée La Mouriane, un Côtes du Roussillon Village Ponderoux 2005 (GSM) et le deuxième vin  du Clos des Fées d’Hervé Bizeul en AOC Côtes du Rousillon Village 2005 (GSM + Carignan), formidable malgré sa grande jeunesse. Enfin, la cuvée Elles de Bordès (qui me plait intensément), au nez vraiment différent, mis en carafe durant 6 heures (pas assez), visiblement trop jeune, un 2006 en 100% Syrah. Il a affronté et bonifié les Rillettes de Mans; le Pâté de foie truffé; la Rosette de Lyon; le saucisson de Gênes; le Brebis Zachary Gauthier (Québec) et l’Idiazabal, un Brebis fumé (et granuleux) des Pyrénées espagnoles. Seul le Clos des Fées a pu le suivre. Deux des 8 dégustateurs n’ont pu s’aventurer avec le Elles, incapables de vivre avec sa trop grande différence.

Très belle soirée.

Je suis venu tard à la Syrah.


Je suis venu tard aux vins de la Vallée du Rhône et à la Syrah, je ne sais trop pourquoi.
En  fait, c’est d’abord au Shiraz australien  que j’ai goûté durant les années quatre-vingt alors que j’explorais avidement les régions vinicoles de ce qu’il est convenu d’appeler le Nouveau Monde. L’Australie a beaucoup piqué ma curiosité même si beaucoup de ses vins étaient souvent rustiques, flagorneurs et sans grand intérêt. Il y avait là des Adenberg, des Penfolds  et des Torbreck, des producteurs qui  travaillaient déjà sur la qualité, qui recherchaient la finesse. L’émotion ressentie à la première dégustation du fameux Grange de Penfolds restera gravée dans ma mémoire. Celle du St-Henry aussi, deux vins 100% Syrah. Pourquoi à ce moment là n’ai-je pas poursuivi mon exploration du monde de la Syrah? No se.

C’est beaucoup plus tard, quittant la Bourgogne vers le sud, le long de la  Saône à travers le Beaujolais, que je suis arrivé à Lyon, au fleuve Rhône et au magnifique vignoble de la Côte-Rôtie qui borde la région vinicole du Rhône au Nord. C’est ici la terre d’élection de la Syrah, la où elle trouve sa plus belle, sa plus noble expression. On fait des blancs en Rhône septentrionale (Nord), avec du Viognier, de la Marsanne et de la Roussanne. Mais en rouge, on ne fait que de la Syrah. À la Côte-Rôtie s’ajoutent les Saint-Joseph, Cornas, Crozes-Hermitage et Hermitage, des trésors de vins que j’avais ignorés jusque là.

Ce que j’en ai bu de ces beaux vins, puissants, denses, charnus aux arômes de poivre, de petits fruits, de violettes et d’œillets en jeunesse. Des vins qui avec l’âge développent des arômes de cuir et de gibier, avec des parfums de chocolat ou de café. Le poivre, blanc surtout, toujours présent dans le nez, intense, parfois obsédant. Ce qui rendait ces vins encore plus intéressants c’est qu’ils étaient toujours moins chers que leurs comparables de la Bourgogne et du Bordelais. C’est encore le cas aujourd’hui même si les écarts ont rétréci.

Oui mais en Rhône méditerranéenne, au Sud, il y a de la Syrah. Oui, vrai, mais c’est le Grenache qui domine dans les assemblages que l’on produit en Côtes du Rhône, Châteauneuf du Pape, Gigondas, Vinsobres, Vacqueyras et Beaume de Venise. On peut retrouver jusqu’à 13 cépages différents dans les assemblages et la  Syrah joue un rôle complémentaire au Grenache avec le Mourvèdre, le Cinsault, la Counoise, le Borboulenc etc…

De même, en Languedoc-Rousillon, la Syrah est très présente dans les assemblages et déloge progressivement d’autres cépages comme le Carignan, autrefois le raisin prépondérant, qui cède du terrain au Grenache et à la Syrah. On y trouve de plus en plus de vins où la Syrah domine.

L’autre pays où la Syrah progresse c’est les USA. Particulièrement en Californie où un groupe de viticulteurs entreprenants, surnommés les « Rhônes Rangers » ont  démontré avec succès qu’il  y avait une alternative au Cabernet-Sauvignon dans la création de grands vins, intenses mais moins tanniques. Carneros, Paso Robles, Carneros , voilà des coins de la vallée de Nappa au climat plus frais, où la Syrah se plait. Ailleurs, dans les secteurs  torrides, on fait comme en Côte du Rhône; on assemble la Syrah avec le Grenache et le Mourvèdre.

Partout où le climat et els sols le permettent, les pays vinicole développent des parcelles en Syrah. L’Argentine produit des vins au mieux honnête, alors que le Chili amorce son aventure avec la Syrah avec un potentiel fort intéressant. En Afrique du Sud, dans les régions de Paarl et Stellenbosch, on produit des vins chatoyants et enthousiastes mais qui manquent de finesse, et de complexité. La Nouvelle Zélande en produit peu mais ils peuvent être très bons.

Enfin, dans le reste de l’Europe, l’Italie en sort des bons mais en proportion infinitésimale. L’Espagne, le Portugal, l’Autriche et la Grèce s’y intéressent.  La Suisse, où le Rhône prend sa source, produit de la Syrah, honnête mais généralement sans complexité.

On peut affirmer que la Syrah est en pleine progression partout et c’est tant mieux.
Ce cépage offrira peut-être un jour la même diversité et la même qualité que le Cabernet-Sauvignon.

D'où viennent les super-toscans?


De la Toscane en Italie me répondrez-vous. Oui, mais encore?

Pour comprendre ce phénomène, il faut se rappeler que les italiens sont farouchement indépendants et souvent réfractaires aux contraintes qui briment leur liberté et leur créativité.  Or, le système des appellations contrôlées de l’Italie, comme celui de la France et de l’Espagne ont des exigences fort  élevées pour quiconque se réclame d’une appellation spécifique comme « Chianti Classico » ou « Barolo » ou encore « Amarone della Valpolicella ».

Il y a seulement le ¼  de la production totale de vin en  Italie qui sont sous le parapluie des appellations contrôlées de qualité. Par contre, le Vino de Tavola (vins de table), catégorie où les exigences sont minimalistes, comprend à elle seule  la ½  de la production totale. Très italien n’est-ce pas? Où est l’autre ¼?

Au milieu des années soixante-dix, alors que la Toscane et quelques autres régions  amorcent un virage vers la qualité, quelques producteurs toscans dont les cousins Nicolo Incisa della Rochetta et Piero Antinori, développent des Vins de Tables de très grande qualité, hors des normes. Le Sassicaia et le Tignanello, deviennent fort populaires chez les grands amateurs de vin de Toscane. Ils seront  suivis par les  Ornellaia,  Solaia, Il Querciolaia, Brancaia, Vigorello et tant d’autres, au point qu’ils font ombrage aux grandes appellations de la Toscane telles les Brunello di Montalcino, les Vino Nobile de Montepulciano, ou les Chianti Classico.

Pris de court, le gouvernement italien veut encadrer ce phénomène. Il crée au milieu des années quatre-vingt-dix la nouvelle appellation, IGT, Indicazione Geografica Tipica, pour permettre aux vignerons italiens qui le souhaitent de produire à leur manière, presque sans contraintes, les vins de qualité qu’ils veulent, mais hors du fourretout peu reluisant des Vino de Tavola, les fameux Vins de Tables italiens. En 20 ans, 120 nouvelles IGT sont créées dans la foulée des 6 IGT de Toscane. Voilà où est le dernier ¼ .

Les Super Toscan sont tous produits en IGT dont certains atteignent des prix qui dépassent parfois ceux des plus grandes DOC et DOCG du Piémont, de la Vénétie et de la Toscane, les trois régions reconnues pour la qualité de leurs vins.

Attention, tous les IGT ne sont pas hors de prix. Plusieurs sont à coûts très abordables. En Toscane, les  Insoglio, Col di Sasso, Massa, Farnito, Centine, Villa Antinori, Le Volte, Santa Cristina, Dogajolo, sont économiques et  souvent fort bons. Ils font concurrence aux DOC tels les Rosso di Montalcino et Rosso di Montepulciano ou encore les Chianti, à des prix comparables et parfois moins bons que les IGT, surtout les Chianti.

Voilà une vraie belle histoire d’Italiens.

N.B. Il y a 41 DOCG (Denominazione di Origene Controlatta e Garantita), et 317 DOC, (Denominazione di Origene Controlatta), le sommet présumé de la pyramide de qualité en Italie, qui regroupent 27% de la production totale. Les 120 IGT en sont venues à représenter  le même pourcentage en un peu plus de 20 ans. Pas mal tout de même?

Une dégustation de vins de Toscane.


La dégustation des vins de Toscane

Nous étions 8 dégustateurs hier soir et 11 vins à apprécier. Les bouteilles ont été présentées en trois séries, à l’anonyme, allant des plus modestes aux plus valorisées par le système des appellations et par le marché. Les vins étaient dévoilés après chaque série.

Série 1 :
DOC, Rosso di Montalcino, Argiano 2006 (23.45$); correct, nez discret, bouche un peu courte, vin honnête mais un peu mince.

DOCG, Vino Nobile de Montalcino, Poliziano 2006 (38.00$); classique, nez plus étoffé que le premier, avec des arômes de petits fruits rouges, un peu de bois discret, équilibré, belle longueur en bouche mais rien de spectaculaire. Un beau vin.

IGT, Insoglio, Campo di Sasso 2008 (30.00$); nez exubérant, sur le fruit (comme on dit), bel équilibre  entre l’alcool, l’acidité et les tanins, belle longueur, encore jeune mais intéressant à ce prix.  Réticence affichée de quelques dégustateurs.

IGT, La Massa 2006 (25.60$); le hit de la série, beau nez, complexe, dense et charnu en milieu de bouche, belle finale longue et intense, jugé comme le meilleur rapport qualité prix de la dégustation.

Série 2 :
DOCG, Chianti Classico, Agricola Querciabella 2006 (40.00$), un sangiovese très classique, équilibré, très flexible, adaptable avec les aliments, un vin de repas de qualité. Une majorité aime beaucoup.

DOC, Colline Luchesi, Tenuta di Vaggiano 2005 (68,75$), le hit de la série et un de vins les plus prisés de la dégustation. Nez exubérant et complexe, fruits noirs (des mûres surtout), boîte de cigare, légèrement mentholé, très droit, bouche en puissance, et finale d’une longueur étonnante. Très beau vin.

DOCG Morellino di Sansano, Azienda Agricola Lohsa 2007(21.00$), controversé, bien vu par une majorité des dégustateurs, un bon rapport qualité prix, « meilleur que la plupart des bordeaux à moins de 40.00$ » de dire un dégustateur. Rien à ajouter.

Série 3 :
« Les crachoirs cessent de servir »

DOCG, Brunello di Montalcino, Poggio alla Mura, Banfi 1998 (80.00$); un nez d’une grande complexité, encore des fruits rouges mais discrets, des arômes floraux de violettes, du tertiaire, un peu pétrolé, probablement le nez le plus achevé de la dégustation mais une bouche qui nous révèle que ce vin a commencé son déclin. Il n’a déjà plus la superbe, la puissance des Brunellos de cette qualité. Il a gagné en subtilité et pour les amateurs de ce qu’on appelle les « vieux vins » dont je suis,  il donne du plaisir, mais plus en finesse. Un vin de caresse encore très beau malgré un vieillissement un peu prématuré. Pourtant, pas une mauvaise année le millésime 1998 en Toscane.

DOCG Brunello di Montalcino, Carpazzo, 2004 (65.00$); voilà un beau vin, à la hauteur de la réputation de la maison qui fait des vins fins, doux, caressants mais profonds et complexes, et à prix doux. Leur Rosso di Montalcino à 21.00$ par exemple est remarquable pour le prix. Ce vin est prêt à boire, dans sa période d’apogée qui pourrait se prolonger encore pour 3 à 5 ans mais sans nécessairement gagner en qualité. Une beauté.

DOC, San Antimo, Pietradinice, Casanova di Nieri 2001 (114.00$) : WOW ! Quelle puissance, quelle force, quelle complexité, quelle richesse, mais quelle jeunesse, beaucoup trop jeune pour être apprécié à sa juste valeur même si l’oxygénation dans le verre lui a permis de se révéler énormément à la fin de la soirée. Je garde précieusement mes deux autres bouteilles. Je les oublie pour au moins dix ans. À mon avis le meilleur vin de la dégustation.

IGT, Il Blue, Brancaia 2001 (super toscan)(82.00$); autre WOW! Les dégustateurs sont unanimement séduits par la complexité aromatique, faite de fruits, de fleurs d’acacia, d’arômes de sous-bois, un  peu de chocolat, de café, de boîte à cigare et un zest de pétrole en finale. Une bouche dense, pleine, intense, qui se prolonge en une finale éclatante et d’une longueur impressionnante. Un  nez et une bouche à l’unisson, en harmonie. Bon à boire, qui se révèle rapidement, mais capable de vieillir encore dix ans tout en gagnant en complexité. La « star » de la dégustation qui fait honneur à ces super toscans tant louangés.

Les dégustateurs sont unanimement contents.