dimanche 4 septembre 2011

Je suis venu tard à la Syrah.


Je suis venu tard aux vins de la Vallée du Rhône et à la Syrah, je ne sais trop pourquoi.
En  fait, c’est d’abord au Shiraz australien  que j’ai goûté durant les années quatre-vingt alors que j’explorais avidement les régions vinicoles de ce qu’il est convenu d’appeler le Nouveau Monde. L’Australie a beaucoup piqué ma curiosité même si beaucoup de ses vins étaient souvent rustiques, flagorneurs et sans grand intérêt. Il y avait là des Adenberg, des Penfolds  et des Torbreck, des producteurs qui  travaillaient déjà sur la qualité, qui recherchaient la finesse. L’émotion ressentie à la première dégustation du fameux Grange de Penfolds restera gravée dans ma mémoire. Celle du St-Henry aussi, deux vins 100% Syrah. Pourquoi à ce moment là n’ai-je pas poursuivi mon exploration du monde de la Syrah? No se.

C’est beaucoup plus tard, quittant la Bourgogne vers le sud, le long de la  Saône à travers le Beaujolais, que je suis arrivé à Lyon, au fleuve Rhône et au magnifique vignoble de la Côte-Rôtie qui borde la région vinicole du Rhône au Nord. C’est ici la terre d’élection de la Syrah, la où elle trouve sa plus belle, sa plus noble expression. On fait des blancs en Rhône septentrionale (Nord), avec du Viognier, de la Marsanne et de la Roussanne. Mais en rouge, on ne fait que de la Syrah. À la Côte-Rôtie s’ajoutent les Saint-Joseph, Cornas, Crozes-Hermitage et Hermitage, des trésors de vins que j’avais ignorés jusque là.

Ce que j’en ai bu de ces beaux vins, puissants, denses, charnus aux arômes de poivre, de petits fruits, de violettes et d’œillets en jeunesse. Des vins qui avec l’âge développent des arômes de cuir et de gibier, avec des parfums de chocolat ou de café. Le poivre, blanc surtout, toujours présent dans le nez, intense, parfois obsédant. Ce qui rendait ces vins encore plus intéressants c’est qu’ils étaient toujours moins chers que leurs comparables de la Bourgogne et du Bordelais. C’est encore le cas aujourd’hui même si les écarts ont rétréci.

Oui mais en Rhône méditerranéenne, au Sud, il y a de la Syrah. Oui, vrai, mais c’est le Grenache qui domine dans les assemblages que l’on produit en Côtes du Rhône, Châteauneuf du Pape, Gigondas, Vinsobres, Vacqueyras et Beaume de Venise. On peut retrouver jusqu’à 13 cépages différents dans les assemblages et la  Syrah joue un rôle complémentaire au Grenache avec le Mourvèdre, le Cinsault, la Counoise, le Borboulenc etc…

De même, en Languedoc-Rousillon, la Syrah est très présente dans les assemblages et déloge progressivement d’autres cépages comme le Carignan, autrefois le raisin prépondérant, qui cède du terrain au Grenache et à la Syrah. On y trouve de plus en plus de vins où la Syrah domine.

L’autre pays où la Syrah progresse c’est les USA. Particulièrement en Californie où un groupe de viticulteurs entreprenants, surnommés les « Rhônes Rangers » ont  démontré avec succès qu’il  y avait une alternative au Cabernet-Sauvignon dans la création de grands vins, intenses mais moins tanniques. Carneros, Paso Robles, Carneros , voilà des coins de la vallée de Nappa au climat plus frais, où la Syrah se plait. Ailleurs, dans les secteurs  torrides, on fait comme en Côte du Rhône; on assemble la Syrah avec le Grenache et le Mourvèdre.

Partout où le climat et els sols le permettent, les pays vinicole développent des parcelles en Syrah. L’Argentine produit des vins au mieux honnête, alors que le Chili amorce son aventure avec la Syrah avec un potentiel fort intéressant. En Afrique du Sud, dans les régions de Paarl et Stellenbosch, on produit des vins chatoyants et enthousiastes mais qui manquent de finesse, et de complexité. La Nouvelle Zélande en produit peu mais ils peuvent être très bons.

Enfin, dans le reste de l’Europe, l’Italie en sort des bons mais en proportion infinitésimale. L’Espagne, le Portugal, l’Autriche et la Grèce s’y intéressent.  La Suisse, où le Rhône prend sa source, produit de la Syrah, honnête mais généralement sans complexité.

On peut affirmer que la Syrah est en pleine progression partout et c’est tant mieux.
Ce cépage offrira peut-être un jour la même diversité et la même qualité que le Cabernet-Sauvignon.

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