dimanche 4 septembre 2011

J'aime le carmenère du Chili.



Jusqu’à la fin des années quatre vingt dix, les chiliens ne savaient pas qu’il y avait du carmenère en quantité dans leurs vignobles. Ils croyaient dur comme fer que c’était du merlot, un merlot fort différent, mais un merlot tout de même… Puis un savant chimiste fit des analyses d’ADN pour découvrir que ce drôle de merlot était en fait un cépage originaire du Bordelais, presque disparu, le CARMENÈRE. OUPS! Gigantesque OUPS!

Qu’à cela ne tienne. Puisque le merlot chilien, plaisait, malgré ou à cause de sa différence, ce merlot qui n’en est pas un pourrait servir à un nouvel élan de la viticulture de « los chilenos », un peu comme le MALBEC a propulsé l‘Argentine dans la cour des presque grands. Dès lors, les chiliens sont devenus des « pusher » de CARMENÈRE.

La consécration est venue en 2008, lorsque le Clos Apalta de Casa L’Apostole, un assemblage où le carmenère dominait, est couronné « Vin de l’année » par le magazine Wine Spectator. Un vin chilien no 1? Un vin où trône ce cépage étrange, arraché aux oubliettes du temps? My god, those yankees have gone wild or what? Pendant que les pros et les antis Wine Spec  s’affrontent une fois de plus sur la place publique du vin, au Chili on jubile. « Andale, todos con el carmenère. »

Pas surprenant que les vins du Chili, en visite cette semaine à Montréal, organisent un « master class » sur ce cépage, avec en prime une dégustation de 11 crus différents, presque tous  à 100% carmenère. En compagnie de mon ami Julien, cuisiner au Casino et sommelier par amour du  vin, nous rejoignons l’auguste et savante assemblée d’une quarantaine de personnes qui y assistent verre à la main. Qu’en dire?

Malgré une certaine insistance sur le bois, une caractéristique prononcée des vins d’Amérique, nous sommes agréablement surpris. Des vins de fort belle structure, avec un rapport équilibré, parfois harmonieux, entre les tanins, l’acidité et l’alcool.  Plusieurs ont une belle longueur en bouche, un signe de qualité, et sont dotés d’un bon potentiel de garde. De très bons vins quoi, avec un bois bien intégré. « Pas toujours » dira Julien. Une particularité, ce cépage, comme le carignan en Languedoc-Rousillon , commence à donner de bons vins lorsque les vignes prennent de l’âge; quarante, cinquante ans, voir plus.

Nos chouchous : le De Martino Legado réserva 2008, le Réserve 2007 de Viu Manent, l’assemblage carmenère-carignan 2008 de Terra Andina, La Capitana 2008 de Vina la Rosa et le Pehuen 2005 de Santa Rita (ça c’est moi, Julien le trouvait trop boisé).

OH, je ne vous l’avais pas dit, j’aime le CARMENÈRE depuis plusieurs années, comme le CARIGNAN d’ailleurs…  Ringard? Peut-être, mais impénitent et heureux.

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