dimanche 4 septembre 2011

David Trafford, la star des vignerons de l'Afrique du Sud

Les gens du vignoble Hartenberg nous avaient prévenus : « Ça grimpe raide pour se rendre chez David ». David c’est l’architecte Trafford qui s’est intéressé aux vins au début des années quatre-vingt-dix et qui depuis 15 ans, y consacre toute ses énergies. Son vignoble est niché très haut, à la limite du Hedenberg Block, dans la prestigieuse région de Stellenbosch en Afrique du Sud.

La route est devenue une piste escarpée qui met rudement à l’épreuve notre KIA Soul de location. Nous sommes loin des domaines rupins des autres vallées, aux grands allées bordées d’arbres qui mènent à de beaux bâtiments astiqués et luxueux.  Ici, ce sont les ronces qui bordent la piste  et c’est un bâtiment ordinaire, sombre et un peu délabré qui nous attend.

David est dans sa salle de dégustation rudimentaire où on trouve une table bancale et deux chaises en bois qui ont connu de meilleurs jours. Six bouteilles sont soigneusement alignées sur la table ainsi que trois verres et un crachoir. Il reste debout, un peu timide. Pourtant, cet homme vient de se voir attribuer 5 étoiles et le prix du meilleur vin de l’année 2010 par le très respecté Guide Platter’s pour sa Syrah 2008. Elle est d’ailleurs là, sur la table, avec le Merlot, le Cabernet-Sauvignon, la Syrah Blueprint et l’assemblage  de type bordelais « l’Elevation 393 ».

Il nous verse d’abord une lampée du Chenin 2010, son seul blanc, vinifié en sec et qui se révèle délicieux, frais, sautillant même, aux arômes fins de fruits blancs et aux effluves discrètes de bois. Un beau vin vraiment. L’étiquette est toujours dessinée par sa femme.

Il cause David, se réchauffe peu à peu. Très érudit en viticulture, il a des idées bien arrêtées sur le vin qui battent en brèche les crédos habituels. Il ne croit pas que seules les vieilles vignes peuvent produire des vins de qualité. Il se moque des vins que l’on ne peut boire avant 30 ans. À quoi ça sert de se procurer des vins que l’on ne boira peut-être pas? Il croit au murissement, à la maturation mais pas au delà de 8 à 10 ans.

Nous en sommes aux rouges. D’abord le Merlot, intéressant, fruité, pas trop boisé, puis le Cabernet-Sauvignon, fort réussi, et la Syrah « Blueprint » que je connais bien puisqu’elle  se trouve dans nos SAQ Sélections. Vient la fameuse Syrah « de Trafford », une révélation. Quel beau vin, tout en puissance. Un nez aux fruits noirs exubérants, chaud à 15% d’alcool, des épices mais discrets avec une finale aromatique en poivre blanc. Une bouche charnue, intense et une persistance gustative sans fin. Un grand vin qui n’a pas usurpé son titre de vin de l’année. Hélène le trouve trop puissant, trop intense. David nous dit qu’il a mis 10 caisses de cette Syrah sur le bateau, destinées aux SAQ Signature de Montréal et de Québec. Enfin nous dégustons Elevation 393, l’assemblage que je connais et qui se  trouve dans nos SAQ parfois. Beau vin aussi.

Tout cela est émaillé d’échanges sur la viticulture, l’Afrique du Sud, les vignobles du Monde etc. La conversation est passionnante et David Traffod n’hésite jamais à faire connaître son désaccord à ses invités. Il parle droit, franc et sans détours. Il connaît Montréal puisqu’il est venu le printemps dernier pour présenter les vins d’Afrique du Sud avec une cinquantaine de ses collègues. Les meilleur vignobles y étaient : Rustenberg, Kanonkop, Klein Constantia, Vergelegen, Buitenverwachting, Nedeburg, Boekenhoutskloof, Meerlust et deTrafford bien entendu.

Comme beaucoup de ses collègues, Trafford comprend que la pléthore de vins rouges vite faits, « confiturés », aux arômes incertains de caoutchouc et de « toast » brulés, à la bouche lourde et indéfinie, envahie par le bois, ne font pas bonne réputation à leur pays. Le virage de qualité amorcé il y a 30 ans tarde à se faire connaître ici. J’ai visité une douzaine de vignobles, triés sur le volet j’en conviens, mais ce que j’y ai goûté est formidable et n’a rien à envier à l‘Italie, à l’Espagne, à la Californie et même à plusieurs régions de France.

David Trafford est un symbole de cette recherche de qualité. Et pour 32$, vous allez actuellement trouver sa Syrah Blueprint dans les SAQ Sélections. Faites en l’expérience, ça vaut la peine.

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