samedi 21 avril 2012

L'Amérique latine ferait-elle de grands vins?


La viticulture en Amérique du Sud est presque aussi vieille que la conquête du continent par les espagnols initiées au début du 16e siècle. Le magnifique musée du vin de la Bodega La Rural à Mendoza en témoigne.

Cette viticulture a été presque exclusivement tournée vers le marché intérieur ou vers les besoins des équipages des bateaux désirant éviter l’eau, porteuse de maladies graves à l’époque. Ce n’est qu’à la fin du 20e siècle que le Chili, puis l’Argentine ont voulu compenser la baisse de la consommation intérieure par une stratégie d’exportation vers le marché nord américain. Aujourd’hui, l’Argentine est le 5e pays producteur dans le monde, le Chili est 10e mais les deux ont des niveaux d’exportation comparables.

Le Chili a misé principalement sur les cépages bordelais : Merlot, Cabernet sauvignon et plus récemment  le Pinot Noir et la Syrah. L’Argentine, bien que produisant pas mal de Cabernet sauvignon et de Merlot, a parié sur le MALBEC, un cépage relativement marginal en Europe, dont ils arrivent à tirer des vins intéressants, variés et de qualité.

L’Uruguay, petit pays enclavé entre le Brésil et l’Argentine, s’est aussi approprié un cépage marginal,  le TANNAT, que l’on retrouve à l’instar du Malbec dans le Sud-Ouest français et un peu au Portugal. Ils en font des vins  dont la qualité augmente sans cesse.

L’histoire du Chili est plus cocasse. Le Merlot de certaines régions chiliennes gagnait des adeptes de plus en plus nombreux à l’extérieur du Chili jusqu’au jour où un spécialiste français, au début des années quatre-vingt dix, découvrit que ce Merlot était en fait du CARMENÈRE, un cépage Bordelais presque disparu. Les chiliens venaient de trouver leur cépage emblématique.

Cette dégustation voulait illustrer ce que ces trois pays faisaient de meilleur avec ces trois cépages marginaux devenus les porte-étendards de ces pays producteurs de vins. Puisque nous étions 11 à table, et que les Rupins ont un peu de sous, j’ai pu compter sur un budget intéressant pour faire mes choix et établir une liste qui mettrait en évidence les progrès importants de la viticulture latino américaine.

Voici ce qui ressort de cette dégustation passionnante.

La première série constituée exclusivement de TANNAT fournit d’entrée de jeu le vin sacrifié de la soirée, celui que tout le monde rejette, le 100% Tannat du Brésil, le Lidio Carraro 2005. Puis, l’Axis Mundi 2002 de la réputée maison uruguayenne Pisano repart le bal,  emballe les dégustateurs par sa richesse aromatique en tertiaire et par sa puissance à peine contenue. Une bouche droite, pleine, goulue dotée d’une belle et longue finale. Fiou! Nous venions d’oublier le Lidio.

On termine avec le Casa Magrez, résultat de l’aventure en Uruguay de Benard Magrez, bordelais et proprio du Château Pape Clément. Un bel assemblage avec le Tannat à 65% adoucit de Merlot et de Cabernet Franc. Il est séduisant, plait aux amateurs de Bordeaux, mais il s’éteindra peu à peu au fur et à mesure que la dégustation progressera, alors que le Pisano va briller de tous ses feux, surtout lorsqu’il sera le temps de déguster charcuteries, pâtés de cerf, de lapin et de canard, et les fromages à pâte ferme et les brebis qui nous attendent plus tard.

La deuxième série nous amène au royaume du Malbec. Trois maisons argentines : Achaval Ferrer, Catena et Cheval des Andes.


Vin de milieu de gamme, le Catena Alta 2008, 100% Malbec, est comme à l’habitude savoureux, accessible, aux arômes de fruits noirs, une bouche soyeuse malgré sa jeunesse et une finale qui me s‘éternise pas tout en étant solide. Son  grand frère, la Cuvée Nicasia de la série « haut de gamme » Catena Zapata, 100% Malbec aussi en millésime 2006, est plus profond. Les arômes d’avantage en petits fruits rouges mais avec une présence en tertiaire de chocolat, de café et une touche de tabac lui donnent une complexité aromatique étendue et dense. Sa bouche est plus rugueuse, avec des tannins encore fermes mais une acidité fluide et une trame alcoolique élevée et intégrée, permettent un équilibre et un potentiel de garde intéressant. La finale est longue après un milieu de bouche un  peu plus faible qui suivait une entrée en bouche spectaculaire. Un beau vin qui gagnera beaucoup à vieillir.

Le vin suivant déclenche toute une controverse. Depuis quelques années, Achaval Ferrer s’est éloigné de la tradition et travaille à domestiquer le cheval fougueux que peut-être le Malbec si on le laisse aller sans trop le guider. Il aspire à des vins fins plutôt que puissants et tente de limiter le niveau d’alcool pour alléger la bouche et la trame aromatique. Il flirte parfois avec l’oxydatif pour leur donner une certaine originalité, une maturité précoce qui les distinguent des vins concurrents souvent robustes et qui tardent à murir. Ses deux cuvées de prestige, Finca Mirador et Finca Altamira, autrefois denses et concentrées, évoluent dans ce sens. L’Atamira 2005 que nous avions a littéralement conquis une partie du groupe mais rebuté les autres dégustateurs.

Le Cheval des Andes 2006 qui fermait la marche, issue d’une collaboration entre le Domaine Bordelais du Cheval Blanc et les argentins de Terrasas de Los Andes, a ravi les dégustateurs. Un assemblage de Malbec, de Cabernet sauvignon et de Petit verdot, ce vin est sensationnel. Un vin qui aspire à la grandeur et qui s’en approche. Il est encore jeune mais déjà des arômes d’épices et de tabac affluent sous le fruit. Les tannins sont fermes mais le grain est fin et l’acidité est généreuse. Il est droit et intègre, se maintient du début à la fin de la bouche avec une persistance aromatique et gustative dignes des beaux Bordeaux.

On arrive à la dernière série, celle du Chili, des Carménères et des beaux vins de la maison Lapostolle. Mais d’abord, un petit vin de la maison Concha y Toro, le Terrunyo 2008, histoire de donner une référence aux dégustateurs qui ne connaissent pas ce cépage et dont certains ont des réticences solides envers les vins du Chili. Il est de couleur dense et foncée, plutôt rouge que violet, la couleur des Malbec en jeunesse, des arômes expressifs de fruits noirs , de violette et d’épices; simple, direct, à l’acidité plutôt modeste et au niveau d’alcool moyen/plus à 14,5%. Il est bon et apprécié et se révèlera le meilleur rapport qualité prix de la soirée à 30$.

On passe à la grande finale avec deux bouteilles de la maison Casa Lapostolle. Il y a encore des sceptiques autour de la table. Le Borobo 2007, assemblage de Carménère, Syrah, Cabernet sauvignon, Pinot Noir et Petit verdot, est une création de l’œnologue voyageur et bordelais Michel Rolland très actif en Amérique du Sud. Le vin est magnifique, très bordelais (oh surprise) et ne se fait que des admirateurs auprès des convives. Il a du coffre, de la densité, de la personnalité, des arômes de fruits noirs mais aussi quelque chose d’animal, du cuir, et une belle finale étoffée et toute en longueur. Mais le vin qui suit lui est supérieur.

Le Clos Apalta en millésime 2007, dont le 2005 a été sacré meilleur vin de l’année 2008 par le magazine américain  Wine Spectator, est tout à fait à la hauteur de sa réputation : élégance malgré un volume important en bouche et un niveau d’alcool élevé à 15%, des tannins présents mais pas agressifs, des arômes de fruits noirs, de café avec une touche de chocolat, du tabac à cigare et une superbe finale toute en longueur et en intensité. Il vient démentir ce que je dis sans arrêt, (et un  peu péremptoirement je l’avoue) que l’Amérique latine fait de bons vins mais pas de grands vins. S’il y en a un  grand, c’est celui-ci. Bonheur.

Notons que les vins de Catena, le Cheval des Andes, les 2 vins de Lapostolle et le vin uruguayen de Pisano présentaient des qualités gastronomiques indéniables.

Le top 3 :
1) Le Clos Aplata 2007 de Casa Lapostolle du Chili;
2) Le Borobo 2007 de la même maison;
3) Le Cheval des Andes 2006 de l’Argentine.

Des mentions enthousiastes pour l’Axis Mundi  2002 de Pisano en Uruguay et la Cuvée Nicasia, de Catena Zapata 2006.

jeudi 19 avril 2012

Le JURA, un terroir et un savoir-faire unique

La dégustation avait lieu mardi dernier à Montréal, Ils étaient plus d'une trentaine à présenter leurs vins. Il faut que j‘y aille de mémoire, ayant malencontreusement échangé mon carnet de note officiel avec celui d’un autre visiteur. Une connerie qui se produit de temps à autres puisqu’on a tous le même carnet fourni par l’organisation. Alors, j’y vais de mémoire qui, soit dit en passant, est un peu défaillante.  L’âge sans doute.

OK, je saute.

Je ne cache jamais mon admiration et mon affection pour les vignerons du Jura qui ont créé quelque chose d’unique. Leurs vins ont une signature à nulle autre pareille, les blancs surtout que je fréquente beaucoup. Que ce soit les Chardonnays ou les Savagnins, ouillés ou oxydatifs, leur capacité de vieillir avec bonheur et leurs qualités gastronomiques sont indiscutables. Et que dire du Vin Jaune, que l’on adore ou déteste et qui nous entraîne dans une aventure olfactive et gustative inoubliable, sans équivalent, même pas le formidable Jerez andalou.

Mais j’étais là pour les rouges, le Vin de paille et le Macvin que je connaissais peu ou pas. Et aussi pour le Crémant que j’avais délaissé depuis quelques années.

Premier arrêt, tout prêt de l’entrée de la salle à droite, les vins de Philippe Dugois qui est le seul à offrir trois Trousseau différent dont une cuvée, la Grevillière, en 2009 et 2010. Délicieux, plus tannique et dense que ne le laissait entrevoir la couleur un peu légère  des vins. C’est le plus costaud et le plus ample des cépages rouges du Jura. Mais, c’est le  moins populaire à cause de sa maturité tardive. Le Poulsard à côté a l’air d’un rosé (plus près d’un gris à cause de son côté orangé) qu’on a nourri aux stéroïdes, même si au réel il a de la personnalité et du style, presque de l’élégance. Et le pinot noir, joli, intéressant parfois, mais très léger. Il se rattache plus aux vins de l’Alsace et de la Suisse qu’à ceux de la Bourgogne.

En même temps, je souhaitais goûter aux MACVIN et au Vin de paille que j’avais ignoré jusqu’ici. Le Macvin est un assemblage de Chardonnay et de Savagnin auquel on ajoute  du Poulsard et parfois du Pinot Noir. Au milieu de la fermentation, on ajoute du marc de vin, très élevé en alcool, qui vient freiner et arrêter la fermentation et ainsi protéger le reste du sucre de l'action des levures. Un vin qui peut titrer jusqu’à 22 %, habituellement 17 ou 18, au nez pugnace et complexe des vins oxydatifs du Jura mais aussi de la Grappa italienne, doté d’une bouche brulante (alcool) et douce (sucre) à la fois. On est dans l’abrasif et le suave. Une révélation. J’aime beaucoup.

 Le vin de paille est aussi un assemblage de Chardonnay et de Savagnin auquel on ajoute habituellement du Poulsard et du Pinot Noir. Les raisins sont récoltés à maturité, puis mis à sécher durant des mois afin d’extraire le maximum d’eau et ainsi concentrer les sucres. Ils sont ensuite vinifiés ce qui donne des vins très doux et en même temps élevés en alcool, 15 à 18%.  Une note oxydative ajoute à la personnalité de ces vins et leur confère un caractère unique, propre au Jura. Pas amateur du genre mais aime bien tout de même, un peu comme les Pacherinc-du-Vic-Bihl et les Jurançons doux du  Sud-Ouest de la France ou le Rivesaltes du Roussillon.

Ah oui, j’oubliais, le Crémant du Jura. Vraiment bon et à prix abordable. Produit avec les deux cépages blancs, Chardonnay et Savagnin, avec ajout parfois de Poulsard et/ou de Pinot Noir, il est vinifié avec la méthode traditionnelle de la Champagne, et donne  un produit frais, avec d’abondantes bulles, assez fines, goûteux et une « sucrosité » discrète qui accroit sa souplesse et son potentiel gastronomique. Les Poulsard? Ceux d’André et Mireille Tissot, du Domaine de la Pinte et de Labet.

Les Trousseau? Ceux de Dugois, une coche au dessus des autres, de la puissance et un beau potentiel de garde; ceux de Benoît Badoz, plus léger et élégants. Celui des Tissot (André et Mireille)

Les MacVins : Benoît Badoz et les Domaines Berthet Bondet et De Montbourgeau.

Les Vins de Paille : Benoît Badoz (et oui j’aime bien) et Berhet Bondet.

Le Crémant du Jura : Rolet, Labet, Cave de la Reine Jeanne, Berhet Bondet.

Enfin, notons que Benoît Badoz a eu la riche idée  de produire le Vin Jaune, AOC Arbois, en caisse de trois  ½ clavelins, ce qui les rend plus accessibles et jolis à donner en cadeau à des non initiés.

Quoi? Je ne parle pas du Vin Jaune? Vrai, pas plus que de tous les beaux Chardonnays et Savagnins qui s’y trouvaient, Une autre fois.

samedi 14 avril 2012

Le VENETO italien, une région qui joue sur tous les tableaux.

La Vénétie est l'une des plus grandes régions productrices de l‘Italie avec un volume annuel de 8 892 000 hectolitres. C’est énorme pour un vignoble dont la superficie est de 75 000 hectares, ce qui se compare à la Vallée du Rhône qui ne produit que 3 300 000 hl. Qui dit quantité ne dit pas nécessairement qualité. En Italie, la Vénétie n’est devancée que par la Sicile qui dépasse les 9 millions d’hectolitres.


Mais la Vénétie (Veneto) est aussi une région qui a une réputation de qualité avec certaines de ses DOC (appellations) les plus connues dont, le Prosecco, le Soave en blanc, le Bardolino, le Valpolicella et l’Amarone della Valpolicella en rouge. Avec ses 4 DOCG et ses 25 DOC, les deux appellations du système italien qui dominent la pyramide de qualité, elle se retrouve au troisième rang des régions dites qualitatives, après le Piémont et la Toscane.

C’est une région qui mise sur son originalité. Celle de ses cépages : le prosecco (devenu récemment le glera) le garganega en blanc et la corvina, le teroldego, la molinara et la rondinella en rouge. Mais aussi celle de ces procédés de production du vin :
- l’appassimento qui consiste à sécher les raisins après la cueillette pour concentrer les sucres, accroître la teneur en alcool et la puissance, ce qui donne l’Amarone; 
- le ripasso, alors que l’on refait une courte fermentation (on repasse) du valpolicella sur des lies d’Amarone pour augmenter sa puissance et sa structure.
- les mousseux en rouge tel le Lambrusco qui n’est pas ma tasse de thé et des vins doux fortifiés comme le Recioto della Valpolicella.
         
La Vénétie a pris le chemin des IGT et a fait reconnaître 10 appellations distinctes, quatre de plus que la Toscane. Mais leur qualité n’a rien de commun avec les fameux super toscans qui se sont installés rapidement comme les meilleurs, sinon parmi les meilleurs vins d’Italie.

Enfin, la Vénétie demeure une région qui doit constamment faire la preuve de ses mérites. Ses Valpolicella ne sont pas toujours à la hauteur, non plus que ses Soave et ses Bardolino. Il y a de grands vins en Veneto mais aussi beaucoup de petits vins faciles et sans reliefs, et beaucoup de vins très ordinaires.

Il y a  de grandes maisons, reconnues pour leur qualité : Masi, Sergio Allegheri, Pieropan, Tommassi, Quintarelli Giuseppe, Anselmi, Marion…  


LISTE DES VINS DE LA DÉGUSTATION

1) Prosecco de Valdobbiadene, Brut, Nino Fanco, 11%                                    19.05$
Correct, sec, du meilleur terroir en Proseco. Lui préfère le Bisol.
2) Rosso del Camul,  Tonon,  2008 IGT 13.5%                                                             18.45$
Un vin qui se vend à la tonne dans les SAQ, pas mal en 2007 mais pas mal moins bon en 2008 et 2009. Sans beaucoup d’intérêt à part le prix.
3) Foradori, Teroldego, IGT, 2008 13%                                                                        28.90$
Une des stars de la dégustation, un des rares vins en mono cépage de la région. Fruité, enthousiaste, beaucoup meilleur que celui de la maison Marion goûté il y a quelques mois et qui était tellement maquillé au bois qu’on ne reconnaissait plus le raisin ni le vin. Un des vins les plus gastronomiques et le meilleur rapport qualité/prix de la soirée.
4) Crearo della Cona d’Oro, IGT-Veronese, Tommassi 2008, 13,5%            29.05$
Sympathique, puissant mais dompté, des qualités gastronomiques mais pas spectaculaire, fait avec l’incontournable Corvina avec ajout d’Osalete et de Cabernet franc.
5) Ripasso della Valpolicella, DOC, Tommassi 2009, 13,5%                        24.95$
Autre vin très apprécié, riche, velouté, légèrement boisé mais intégré, des fruits noirs, des fleurs blanches. Grandes qualités gastronomiques, sans doute celui qui a réussi le mieux avec les charcuteries et les fromages. Fait avec la Corvina, la Rondinella et la Molinara.
6) Rubopan, Valpolicella, DOC, Pieropan 2008, 13,5%                                    25.70$
Classique, belle acidité, légèreté, très beau en dégustation technique mais totalement dépassé et déclassé avec les aliments. Seul le poivre blanc de la finale ressortait avec les charcuteries et totalement mou avec les fromages. Décevant, car cette maison fait de magnifiques cuvées en blanc de Soave.
7) Valpolicella superiore, Marion 2005. 13.5%                                                48.50$ 
Une maison qui a choisi le goût américain « dit international »; cuit, confituré, boisé au possible mais avec une certaine souplesse gastronomique qui l’a un peu racheté.           
8) Grandarella, apassimento, Masi 2007 14.5%                                                28.95$
La maison Masi tente souvent des expériences parfois réussies parfois non. Ce vin appartient sans aucun doute à la deuxième catégorie. Détesté, unanimement.
9) Valpolicella classico superirore, Quitarelli Giuseppe, 2002, 15%            83.00$
Vin superbe, le plus beau et de loin  en dégustation technique mais, à l’instar du Rubopan, moins fortiche avec les aliments présentés.
10) Amarone della Valpolicella Classico Tomassi , 2008, 15%                        47.50$
Bon représentant de ce grand vin de la Vénétie mais à prix encore abordable. Grande richesse aromatique et gustative, belles qualités gastronomiques. Un beau vin puissant et doux à la fois.

11) Recioto della Valpolicella classico, DOC, Tommasi 2008, 13%            25.95$
 Un vin doux, en rouge, sympathique, correct mais pas aussi intéressant que le Maury ou le Banyuls du Roussillon.

LE TOP 3
-       Le Quintarelli Giuseppe,
-       Le Ripaso de Tommassi
-       Le Teroldego de Foradori.

QUALITÉ PRIX
-       Le Teroldego de Foradori

DÉCEPTION
-       Le Rubopan

LE BIDE
-       Le Grandarella de Masi
-        



mardi 10 avril 2012

LES FINAUDS S'ATTAQUENT ( et attaquent un peu) À LA CALIFORNIE

Les bulles sont nombreuses et fines, la bouche est légère et les arômes de fruits blancs, d’amandes et une touche de brioche évoqués au nez se confirment. Digne des bons champagnes, un prix quasi comparable, le Blanc de Noir de la maison californienne Schramsberg, millésime 2007, est à la hauteur de sa réputation et nous prépare bien aux huit vins rouges qui vont suivre.

Gilles nous entraine en Californie et on sent bien quelques réserves autour de la table de huit dégustateurs réunis chez Adam. La Californie n’est pas particulièrement à la mode chez les nouveaux passionnés du vin, pas plus que l’Australie et l’Afrique du Sud d’ailleurs, pays qui se sont largement inspirés à l’origine du modèle bordelais pour développer  le style de leurs vins. De fait, les vins rouges un peu cuits, denses, concentrés, boisés sont passés de mode auprès d’une certaine clientèle qui a délaissé peu à peu les vins rouges  de Bordeaux.

Une première série de quatre vins est alignée devant chaque convive. Ils sont tous assez jeunes si on se fie à leur couleur et à la densité de leur robe mais avec les Californiens il faut se méfier car certains Cabernets sauvignons prennent parfois un temps fou à mûrir.

Le jeu : trouver le cépage dominant et le seul vin en mono cépage du groupe. Trois vins sont de maisons connues qu’il faut correctement identifier. Enfin, préciser l’origine de chacun; Sonoma, Calistoga, St Helena ou Nappa South Valley. Le thème de Mission Impossible me trotte dans la tête. On ne reculera pas devant un défi, aussi immense soit-il.

Le premier vin passe un mauvais quart d’heure, ses arômes d’élevage totalement envahissants ne laissent pas de place aux fruits et autres arômes plus naturels. Adam est déchaîné et passe le vin à la moulinette, le traitant même de vin chilien, ce qui dans sa bouche n’est rien de moins qu’un désaveu sans appel. Le Max Reserva d’Errazuriz est même évoqué. On se moque gentiment de lui, de son emportement, et on passe au deuxième qui est joufflu, concentré, un peu cuit comme  le sont parfois les vins « made in California ». Il est tout de même bien fait mais pas tellement au goût de la majorité. Son style me rappelle quelque chose que j’ai déjà aimé et bu mais j’hésite.

Les troisième et quatrième vins sont fort beaux. Ils ne sont pas délicats mais il y a de la finesse, de l’élégance et de la profondeur. Les gens sont partagés. Qui sont-ils? D’où viennent-ils? Lequel préfèrent-ils? Chacun y va de ses hypothèses.

On demande le dévoilement.

Nous savions  tous que le Cabernet sauvignon est le cépage dominant de ces vins. Pour le reste, malgré notre enthousiasme et notre expérience collective, notre succès est plutôt mitigé.

Coup de théâtre, la première bouteille tant décriée est la cuvée Calistoga de la Maison Montelena, qui jouit pourtant d’un prestige considérable. Les dégustations à l’aveugle sont souvent cruelles. On se paye à nouveau la tête d’Adam qui, bon prince, rigole, avec nous. Le deuxième est l’assemblage de Joseph Phelps de St-Helena, et le troisième est de la maison Duckhorn repérée par Adam et Jean-François. Quelques dégustateurs dont Adam  (il remonte la pente) ont identifié correctement le quatrième vin comme étant 100% cab de la région de Sonoma, un vin peu connu, le Laurel Glen du village de Glen Ellen.

Vivement la deuxième série que l’on se reprenne un peu, que l’on se refasse une beauté de dégustateur.

Quatre nouvelles bouteilles nous attendent.

Le jeu : Tous ces vins ont un cépage en forte dominance, i.e. à plus de 80% de l’assemblage, et deux de ces vins partagent le même cépage. Quels sont ces cépages, quels sont les deux vins qui partagent le même cépage en identifiant le cépage et quels sont-ils? Encore là, trois maisons sont très connues, l’autre pas. Les trouver. Tiens, le thème de Mission Impossible revient. Du courage, de l’humilité et allons-y.

Le premier nous déconcerte. Une fois de plus, il est rebutant et ne passe pas la rampe avec des arômes de pharmacie, de « paparmane rose » et d’amandes fumées au bois de noyer (hickory). Adam reste prudent dans ses commentaires cette fois-ci mais Carole, Julien et Jean-François ne se gênent pas, n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Le deuxième est fort beau dans le style californien, net, arômes de fruits rouges, un bois assez bien intégré, une longue finale, très Merlot mais avec  plus de retenue que ce à quoi la Californie nous a habitué. Adam l’identifie ainsi que le vignoble Duckhorn qui le vinifie. Quel rétablissement spectaculaire, « Adam is back ».

On cherche le Zinfandel dans le troisième et le quatrième vin. La plupart s’entendent pour éliminer le Zin comme cépage du dernier. On hésite entre le Pinot noir et la Syrah. Certains aiment le troisième mais la majorité le trouve court, avec un milieu de bouche qui creuse rapidement et une certaine astringence (pour ne pas dire sècheresse) en finale. Les dégustateurs n’avancent plus, Gilles dévoile les vins.

Le premier tant décrié est un Cabernet sauvignon de la maison Mettler, peu connue ici. Le deuxième, le  Merlot de Duckhorn, on vous l’a dit. Le troisième, un peu décevant, est un Zinfandel de la maison Ridge, célèbre et louangée. À notre grande surprise, le dernier que la plupart ont aimé  est vinifié avec du Zinfandel par les gens du Château Montelena. Une maison qui se rachète un peu au « finish ».

Mon top 3 :
Le Cabernet sauvignon 2007 de Duckhorn,  le cab 2005 de la maison Laura Glen et le Merlot 2007 de Duckhorn. Des mentions au Zinfandel de Château Montelena et au Cabernet sauvignon 2005 de Phelps.

La liste complète des vins.
1) Le mousseux, Blanc de Noir 2007 de la maison Schramsberg                       31.99$
2) La cuvée Calistoga 2007 du Château Montelena                                           52.25$
3) Le Cabernet sauvignon 2005 de Joseph Phelps                                            56.00$
4) Le Cabernet sauvignon 2007 de Duckhorn                                                  59.75$
5) Le Cabernet sauvignon 2005 de Laurel Glen                                                54.96$
6) Le Cabernet sauvignon 2008 de la maison Mettler                                       24.99$
7) Le Merlot 2007 de Duckhorn                                                                       57.00$
8) Le Buchignani Ranch Zinfandel 2007 de Ridge                                           39.96$
9) Le Zinfandel 2008 du Château Montelena                                                    29.99$

N.B. La plupart des prix sont en $ américains.

mercredi 4 avril 2012

Les OENOPOTES goûtent aux vin âgés, ou presque...

Même après la dégustation d’hier, je ne sais toujours pas si j’aime les vieux vins ou si je n’aime pas plutôt les vieux vins qui savent rester jeunes. Chaque fois que j’ouvre une bouteille qui a plus de 20 ans, je suis souvent déçu car maintes fois le vin a perdu sa structure tannique, son acidité est radicalement à la baisse et sa couleur avoisine plus le brun que le rouge.

La preuve, j’avais ouvert hier une bouteille de cabernet sauvignon Mas la Plana de Torres , millésime 1989, en prévision de la soirée d’hier, et j’ai trouvé  un vin en sérieux déclin, sans sa vigueur d’antan et sans pour autant s’être bonifié ave l’âge.

L’idée d’une dégustation de ce type, suggérée par Olivier, c’est de s’éloigner des arômes de fruits, de fleurs et de végétaux divers, des arômes dits primaires, qui proviennent de la vigne et du raisin; ou des arômes secondaires qui originent des  fermentations  alcoolique et malolactique ainsi que des levures, i.e. pains, brioches, beurre et autre lactés; pour évoluer vers des arômes dits tertiaires. Ces arômes se développent avec l’élevage, surtout en, foudres, en fûts ou en barriques de bois ; des arômes de torréfaction (café, chocolat, thé) ou de tabac, de fumée, de sous-bois  et de champignons, d’épices, de pétrole ou de minéraux (sylex,  poussière de roche, pierre à fusil) ou  animal (cuir, viande, sang ou gibier) etc.
Bon, d’accord, je lâche mes livres et mes notes de cours et je poursuis.

On dit aussi que quand les vins vieillissent ils peuvent prendre toutes les directions, se forger une personnalité bien distincte, qui échappe souvent aux divers styles, aux catégories, aux codes convenus pour chaque appellation. Un transition qui nous amène aux vins de la soirée.

En prélude, on a titillé nos papilles avec un Muscadet de Sèvre et Maine 2010, élevé sur lies, de l’excellente maison La Pépière; frais, sautillant et vachement rafraîchissant. Un vin qui nous entraîne vite au fond de la bouteille.

Puis on s’est attaqué aux six rouges.

La première série ouvrait avec le Reserva Tinto de Collares, région de Lisboa au Portugal, millésime 1997, fait essentiellement de Ramisco, un cépage autochtone assez rustique et quasi confidentiel. Nez plutôt discret au début, tournant vers des arômes peu charmeurs vers la fin, plutôt chimiques ou médicamenteux. Une bouche plus intéressante mais qui part un peu dans toutes les directions en finale.

La Château La Nerthe 1989, un des premiers Châteauneuf du pape à connaître sa reconnaissance dans cette appellation, dont la réputation est solide et fort belle. Pourtant, la bouteille d’hier était fatiguée sans grands reliefs, même si le vin était buvable, correct mais sans surprise ni émotions.

Heureusement, le Château du Cèdre, un Cahors de la même année 1989, fermait la marche avec un brio exemplaire. Encore de beaux arômes de fruits rouges; une structure tannique encore présente mais assouplie et fondue; l’alcool à bon niveau mais intégré , non perceptible; une acidité remarquable pour un vin aussi âgé; une bouche  pleine, droite et une finale, longue, complexe avec une touche d’amertume bienvenue qui étoffera la persistance aromatique et gustative. Un des meilleurs de la soirée.

La deuxième série, allait nous ravir et nous décevoir tout à la fois. Le vin grec qui ouvrait la marche, l’OIKONOMOY Sitia 2000, fait principalement de Liatico (un cépage que l’on trouve seulement sur l’île de Crète) et un peu de Madilari, bien que jeune pour un vieux, révélait un nez aux arômes complexes de fruits, mais aux arômes tertiaire d’une grande finesse, une belle acidité et des tannins déjà soyeux et une fort jolie finale, longue et délicate.

Puis, la mauvaise surprise, le Château la Croizille 2000, Grand Cru de Saint-Émilion, cher à près de 80$ s’effondrait misérablement en milieu de bouche et n’arrivant pas à se relever en finale. Des convives qui connaissaient ce vin apporté par le soussigné ne se disaient aucunement surpris.  70% Merlot avec du Cabernet Sauvignon en complément et une petite touche de Cabernet franc.

Enfin, le Château Langoa Barton 1988, un  troisième Grand cru classé de Saint-Julien en Médoc avait gardé des qualités de jeunesse, acidité, fruits encore perceptibles,  bouche pleine mais d’une grande élégance, une longue et profonde finale qui  n‘en finissait plus de finir. Si un vieux vin c’est ça, j’aime bien. Cabernet Sauvignon en dominance 72%, Merlot 20% et Cabernet franc 8%.

Nous avons eu le plaisir de déguster un Pinot Gris d’Alsace, la cuvée Béatrice  du vignoble Binner, un 1995, toujours original et surprenant, à la richesse aromatique inouïe, qui accompagnait bien les fromages. Et un chardonnay de Vezelay en Bourgogne, frais, virevoltant, qui se boit à une vitesse grand V, rafraîchissant au possible. Un vin du vignoble de la Sœur Cadette, millésime 2010.

Les trois meilleurs vins selon les dégustateurs :

1) Le Château du Cèdre, Cahors 1989

2) Le Château Langoa Barton, un Saint-Julien 1988

3) L’OIKONOMOY 2000 de Crète en Grèce.

4) Une mention au Pinot Gris de Binner.