jeudi 19 avril 2012

Le JURA, un terroir et un savoir-faire unique

La dégustation avait lieu mardi dernier à Montréal, Ils étaient plus d'une trentaine à présenter leurs vins. Il faut que j‘y aille de mémoire, ayant malencontreusement échangé mon carnet de note officiel avec celui d’un autre visiteur. Une connerie qui se produit de temps à autres puisqu’on a tous le même carnet fourni par l’organisation. Alors, j’y vais de mémoire qui, soit dit en passant, est un peu défaillante.  L’âge sans doute.

OK, je saute.

Je ne cache jamais mon admiration et mon affection pour les vignerons du Jura qui ont créé quelque chose d’unique. Leurs vins ont une signature à nulle autre pareille, les blancs surtout que je fréquente beaucoup. Que ce soit les Chardonnays ou les Savagnins, ouillés ou oxydatifs, leur capacité de vieillir avec bonheur et leurs qualités gastronomiques sont indiscutables. Et que dire du Vin Jaune, que l’on adore ou déteste et qui nous entraîne dans une aventure olfactive et gustative inoubliable, sans équivalent, même pas le formidable Jerez andalou.

Mais j’étais là pour les rouges, le Vin de paille et le Macvin que je connaissais peu ou pas. Et aussi pour le Crémant que j’avais délaissé depuis quelques années.

Premier arrêt, tout prêt de l’entrée de la salle à droite, les vins de Philippe Dugois qui est le seul à offrir trois Trousseau différent dont une cuvée, la Grevillière, en 2009 et 2010. Délicieux, plus tannique et dense que ne le laissait entrevoir la couleur un peu légère  des vins. C’est le plus costaud et le plus ample des cépages rouges du Jura. Mais, c’est le  moins populaire à cause de sa maturité tardive. Le Poulsard à côté a l’air d’un rosé (plus près d’un gris à cause de son côté orangé) qu’on a nourri aux stéroïdes, même si au réel il a de la personnalité et du style, presque de l’élégance. Et le pinot noir, joli, intéressant parfois, mais très léger. Il se rattache plus aux vins de l’Alsace et de la Suisse qu’à ceux de la Bourgogne.

En même temps, je souhaitais goûter aux MACVIN et au Vin de paille que j’avais ignoré jusqu’ici. Le Macvin est un assemblage de Chardonnay et de Savagnin auquel on ajoute  du Poulsard et parfois du Pinot Noir. Au milieu de la fermentation, on ajoute du marc de vin, très élevé en alcool, qui vient freiner et arrêter la fermentation et ainsi protéger le reste du sucre de l'action des levures. Un vin qui peut titrer jusqu’à 22 %, habituellement 17 ou 18, au nez pugnace et complexe des vins oxydatifs du Jura mais aussi de la Grappa italienne, doté d’une bouche brulante (alcool) et douce (sucre) à la fois. On est dans l’abrasif et le suave. Une révélation. J’aime beaucoup.

 Le vin de paille est aussi un assemblage de Chardonnay et de Savagnin auquel on ajoute habituellement du Poulsard et du Pinot Noir. Les raisins sont récoltés à maturité, puis mis à sécher durant des mois afin d’extraire le maximum d’eau et ainsi concentrer les sucres. Ils sont ensuite vinifiés ce qui donne des vins très doux et en même temps élevés en alcool, 15 à 18%.  Une note oxydative ajoute à la personnalité de ces vins et leur confère un caractère unique, propre au Jura. Pas amateur du genre mais aime bien tout de même, un peu comme les Pacherinc-du-Vic-Bihl et les Jurançons doux du  Sud-Ouest de la France ou le Rivesaltes du Roussillon.

Ah oui, j’oubliais, le Crémant du Jura. Vraiment bon et à prix abordable. Produit avec les deux cépages blancs, Chardonnay et Savagnin, avec ajout parfois de Poulsard et/ou de Pinot Noir, il est vinifié avec la méthode traditionnelle de la Champagne, et donne  un produit frais, avec d’abondantes bulles, assez fines, goûteux et une « sucrosité » discrète qui accroit sa souplesse et son potentiel gastronomique. Les Poulsard? Ceux d’André et Mireille Tissot, du Domaine de la Pinte et de Labet.

Les Trousseau? Ceux de Dugois, une coche au dessus des autres, de la puissance et un beau potentiel de garde; ceux de Benoît Badoz, plus léger et élégants. Celui des Tissot (André et Mireille)

Les MacVins : Benoît Badoz et les Domaines Berthet Bondet et De Montbourgeau.

Les Vins de Paille : Benoît Badoz (et oui j’aime bien) et Berhet Bondet.

Le Crémant du Jura : Rolet, Labet, Cave de la Reine Jeanne, Berhet Bondet.

Enfin, notons que Benoît Badoz a eu la riche idée  de produire le Vin Jaune, AOC Arbois, en caisse de trois  ½ clavelins, ce qui les rend plus accessibles et jolis à donner en cadeau à des non initiés.

Quoi? Je ne parle pas du Vin Jaune? Vrai, pas plus que de tous les beaux Chardonnays et Savagnins qui s’y trouvaient, Une autre fois.

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