mercredi 4 avril 2012

Les OENOPOTES goûtent aux vin âgés, ou presque...

Même après la dégustation d’hier, je ne sais toujours pas si j’aime les vieux vins ou si je n’aime pas plutôt les vieux vins qui savent rester jeunes. Chaque fois que j’ouvre une bouteille qui a plus de 20 ans, je suis souvent déçu car maintes fois le vin a perdu sa structure tannique, son acidité est radicalement à la baisse et sa couleur avoisine plus le brun que le rouge.

La preuve, j’avais ouvert hier une bouteille de cabernet sauvignon Mas la Plana de Torres , millésime 1989, en prévision de la soirée d’hier, et j’ai trouvé  un vin en sérieux déclin, sans sa vigueur d’antan et sans pour autant s’être bonifié ave l’âge.

L’idée d’une dégustation de ce type, suggérée par Olivier, c’est de s’éloigner des arômes de fruits, de fleurs et de végétaux divers, des arômes dits primaires, qui proviennent de la vigne et du raisin; ou des arômes secondaires qui originent des  fermentations  alcoolique et malolactique ainsi que des levures, i.e. pains, brioches, beurre et autre lactés; pour évoluer vers des arômes dits tertiaires. Ces arômes se développent avec l’élevage, surtout en, foudres, en fûts ou en barriques de bois ; des arômes de torréfaction (café, chocolat, thé) ou de tabac, de fumée, de sous-bois  et de champignons, d’épices, de pétrole ou de minéraux (sylex,  poussière de roche, pierre à fusil) ou  animal (cuir, viande, sang ou gibier) etc.
Bon, d’accord, je lâche mes livres et mes notes de cours et je poursuis.

On dit aussi que quand les vins vieillissent ils peuvent prendre toutes les directions, se forger une personnalité bien distincte, qui échappe souvent aux divers styles, aux catégories, aux codes convenus pour chaque appellation. Un transition qui nous amène aux vins de la soirée.

En prélude, on a titillé nos papilles avec un Muscadet de Sèvre et Maine 2010, élevé sur lies, de l’excellente maison La Pépière; frais, sautillant et vachement rafraîchissant. Un vin qui nous entraîne vite au fond de la bouteille.

Puis on s’est attaqué aux six rouges.

La première série ouvrait avec le Reserva Tinto de Collares, région de Lisboa au Portugal, millésime 1997, fait essentiellement de Ramisco, un cépage autochtone assez rustique et quasi confidentiel. Nez plutôt discret au début, tournant vers des arômes peu charmeurs vers la fin, plutôt chimiques ou médicamenteux. Une bouche plus intéressante mais qui part un peu dans toutes les directions en finale.

La Château La Nerthe 1989, un des premiers Châteauneuf du pape à connaître sa reconnaissance dans cette appellation, dont la réputation est solide et fort belle. Pourtant, la bouteille d’hier était fatiguée sans grands reliefs, même si le vin était buvable, correct mais sans surprise ni émotions.

Heureusement, le Château du Cèdre, un Cahors de la même année 1989, fermait la marche avec un brio exemplaire. Encore de beaux arômes de fruits rouges; une structure tannique encore présente mais assouplie et fondue; l’alcool à bon niveau mais intégré , non perceptible; une acidité remarquable pour un vin aussi âgé; une bouche  pleine, droite et une finale, longue, complexe avec une touche d’amertume bienvenue qui étoffera la persistance aromatique et gustative. Un des meilleurs de la soirée.

La deuxième série, allait nous ravir et nous décevoir tout à la fois. Le vin grec qui ouvrait la marche, l’OIKONOMOY Sitia 2000, fait principalement de Liatico (un cépage que l’on trouve seulement sur l’île de Crète) et un peu de Madilari, bien que jeune pour un vieux, révélait un nez aux arômes complexes de fruits, mais aux arômes tertiaire d’une grande finesse, une belle acidité et des tannins déjà soyeux et une fort jolie finale, longue et délicate.

Puis, la mauvaise surprise, le Château la Croizille 2000, Grand Cru de Saint-Émilion, cher à près de 80$ s’effondrait misérablement en milieu de bouche et n’arrivant pas à se relever en finale. Des convives qui connaissaient ce vin apporté par le soussigné ne se disaient aucunement surpris.  70% Merlot avec du Cabernet Sauvignon en complément et une petite touche de Cabernet franc.

Enfin, le Château Langoa Barton 1988, un  troisième Grand cru classé de Saint-Julien en Médoc avait gardé des qualités de jeunesse, acidité, fruits encore perceptibles,  bouche pleine mais d’une grande élégance, une longue et profonde finale qui  n‘en finissait plus de finir. Si un vieux vin c’est ça, j’aime bien. Cabernet Sauvignon en dominance 72%, Merlot 20% et Cabernet franc 8%.

Nous avons eu le plaisir de déguster un Pinot Gris d’Alsace, la cuvée Béatrice  du vignoble Binner, un 1995, toujours original et surprenant, à la richesse aromatique inouïe, qui accompagnait bien les fromages. Et un chardonnay de Vezelay en Bourgogne, frais, virevoltant, qui se boit à une vitesse grand V, rafraîchissant au possible. Un vin du vignoble de la Sœur Cadette, millésime 2010.

Les trois meilleurs vins selon les dégustateurs :

1) Le Château du Cèdre, Cahors 1989

2) Le Château Langoa Barton, un Saint-Julien 1988

3) L’OIKONOMOY 2000 de Crète en Grèce.

4) Une mention au Pinot Gris de Binner.

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