mardi 20 décembre 2011

Une soirée de dégustation passionnante, avec des jeunes...

Les 4 danseuses sont là, jolies, élégantes et si jeunes; Randy, Audrey, Julie et Alexia. Elles ont acheté la dégustation mise à l’encan de la Fondation pour la relève en danse, avec François, danseur à ses heures et l’ami de cœur de Julie. Il y a aussi William, musicien et « tchum »  d’Alexia et Kaleigh qui accompagne Audrey. Ils ont moins de 25 ans et écoutent avec sérieux les recommandations et explications d’usage tout en dégustant le champagne rosé première cuvée de Bruno Paillard.

Ils sont un peu impressionnés par la cinquantaine de verres, les crachoirs en "stainless" et les piles de serviettes de papier qui occupent toute la place sur la longue table. Cela ne durera pas, car dès que les bouteilles de blancs commencent à circuler, que le vin tombe dans les verres, les questions fusent.

Ils ont pris le temps de lire attentivement la documentation que j’ai déposée devant chaque place. Ils veulent comprendre mes choix, tout savoir sur les vins avant même d’y avoir gouté. Je tempère leur enthousiasme en leur recommandant de procéder d’une manière un peu ordonnée, ce qu’ils acceptent de bonnes grâces,

On ouvre avec les blancs.

Le Sauvignon « Blanc » (prononcé Blanck ) 2010 de la maison sud-africaine Klein Constantia ouvre la marche; suivi du Pouilly Fuisse 2008 de Marnay Sorelles , du Mâcon en Bourgogne; le Vouvray « Le Mont 2009 » du Domaine Huet en Loire; et, finalement, la Cuvée Nicolas, le Riesling grand cru Kafferkopf 2009 de l’alsacien Martin Schaetzel. Sauvignon, chardonnay, chenin et riesling, quatre des principaux cépages en blanc.

Le sauvignon provoque des réactions mitigées. Il est trop acide, trop vert, trop agressif, trop aromatique… Trop quoi… Le chardonnay est plus convenu, classique et rond, une certaine droiture. Il est mieux accepté, mais ne laissera pas une trace indélébile dans leur mémoire. Le chenin plait énormément, mais c’est le riesling qui remporte la faveur de tous.
Arômes de fruits blancs avec une touche de litchi et d’ananas, une fragrance pétrolée très subtile en finale, une « sucrosité » un peu trop présente à mon goût, mais qui séduit la jeune tablée.

Ils sont appelés à retenir deux vins après les avoir associés à un Brillat-Savarin triple crème de Bourgogne et le Petit Basque, un fromage de brebis des Pyrénées. Le sauvignon ne rejoint personne même s’il se comporte très bien avec le fromage basque. Le chardonnay est gardé par deux dégustatrices, sans doute à cause du bel accord avec le Brillat-Savarin. Les autres conservent le chenin et le riesling qui fait l'unanimité une fois de plus.

Arrivent les rouges.

Un  Pinot noir 2009 de la Vosne Romanée, Domaine Confuron-Cotetidot, choisi pour illustrer un vin trop jeune qu’i faut laisser vieillir; puis un Sangiovese, Chianti Classico 2006 de la maison Querciabella; la Syrah « The Stork » 2005 du vignoble Hartenberg à Stellenbosch, Afrique du Sud; le Cabernet Sauvignon, cuvée Oakville, vallée de Nappa 2002 de Robert Mondavi; et enfin un 1er cru de Vosne Romanée, « Les rouges du dessus », 2004 d’Alain Burguet  pour illustrer le murissement d’un beau pinot noir de la même commune que le premier.

La comparaison des deux pinots est concluante. Le vin de Burguet est fort bien accueilli et le premier pinot prend du galon au fur et à mesure que la dégustation avance et qu’il s’aère dans le verre. Le sangiovese est un peu austère et la perception de sècheresse en finale déplait. La Syrah gagne le cœur de tous par son ampleur, ses arômes concentrés de fruits noirs, son boisé vanillé aux arômes de café et de chocolat noir qui est bien intégré et la légère touche de  pain grillé, presque brûlé qui lui confère un petit côté sauvage pas déplaisant du tout. Le poivre blanc en finale surprend et étonne. Le Robert Mondavi est immense, prêt à boire même si encore jeune, des tannins présents, mais fondus, un boisé bien perceptible, mais intégré. Un vin  puissant et harmonieux à la hauteur des beaux "cabs" de la Californie quand ils échappent à la tendance « jus de planche » trop répandue dans le Nouveau Monde. Enfin, le bourgogne de Burguet séduit par sa finesse, sa profondeur et sa complexité.

Confrontés aux Terrines de Wapiti à la gelée de mûres, de lapin à la gelée de framboise, au pâté de faisan et morilles, aux saucissons de Gênes et celui à l’ail tranchés mince et épais pour saisir l’importance des textures dans les jeux d’accord mets/vins; aux fromages de Brebis Zachary Cloutier, au Louis d’Or, une pâte ferme, tous deux de Wawick au Québec et un L’étivaz de Suisse, ils se comporteront assez bien le chianti mis à part.

Tous reconnaissent que les deux blancs conservés pour la comparaison rouge/blanc avec les fromages donnent de meilleurs accords et que la complémentarité des rouges avec les fromages est plus que discutable. Ultimement, c’est la Syrah qui est le vin rouge de la soirée, suivie de près par le bourgogne de Burguet et le cabernet/sauvignon de Mondavi.

Le chien Boghey, le Rottweiler, charmeur et séducteur, a passé une soirée somptueuse, cajolé par les filles et caressé par les gars. Baïla, la bergère allemande, moins spontanée et plus en retrait, a pu compter sur les gars et la belle Hélène pour sa dose d’affection,

La soirée se termine cinq heures plus tard. Tous ont l’air ravi de l’expérience, moi le premier.


vendredi 16 décembre 2011

Les relationnistes et agent de communication ont besoin de mieux connaître le vin.

Les agents de communication et les relationnistes ont souvent la responsabilité de choisir les vins lors des repas d’affaires, les événements publics, les lancements et les campagnes de promotion de produits ou d’événements. Ils sont souvent mal préparés pour ce faire. De là est née l’idée de créer des ateliers d’initiation et de formation qui répondent à ce besoin.

Avec la complicité d’une agence connue de Montréal, nous avons tenté l’expérience avec les employés de cette entreprise qui se retrouvent souvent dans cette situation. Nous y sommes allés d’abord avec les rouges qui constituent 70 % de la consommation de vins, réservant les blancs pour une prochaine fois.

Huit vins illustraient les diverses options, tous en mono cépage, pour apprécier les contrastes, les qualités et les limites de chacun :
un Gamay du Beaujolais du Domaine des Vissous; un Cabernet franc de la Loire, Saumur-Champigny, Château deTargué; un Pinot noir de Bourgogne, le Thierry Violot-Guillemard; un Merlot du Domaine Katsaros en Grèce; une Syrah du Rhône, un Saint-Joseph des Vins de Vienne; et un Cabernet Sauvignon de la maison chilienne Lapostole.

Divers aliments servaient aussi à illustrer le propos. Des pâtés de faisan et de cerf, des jambons plus ou moins relevés, des saucissons qui allaient du plus doux aux plus épicés ou salés. Deux fromages pour illustrer les talents limités des vins rouges à tenir compagnie aux fromages : un chèvre granuleux de la Loire et un Délice de Bourgogne triple crème.

Nous avions quand même des contraintes de budget et d’appétit des participants pour choisir et diversifier les aliments qui servaient le propos.

Rien comme une dégustation comparative pour déciller les yeux les plus fermés. On a vite vu la grande flexibilité et la capacité d’adaptation gastronomique du pinot noir. Le côté souple et sans relief, mais jamais conflictuel du beaujolais avec la plupart des mets. On a aussi constaté que plus le vin est dense, complexe et lourd moins il peut s’adapter. Mais, lorsque cela colle avec un aliment, cela peut donner du grandiose : le Cabernet/Sauvignon avec les viandes rouges, l’agneau de préférence, ou encore la Syrah avec les saucissons épicés ou salés et les jambons goûteux.

Je vous passe tous les résultats des expériences faites mercredi dernier, car cela devient vite fastidieux. Mon propos voulait attirer l’attention des sommeliers et conseillers en vins sur l’existence de ce besoin.

Je ressors de ce premier atelier avec la conviction qu’il y a là un marché intéressant parce que ce groupe de professionnels doit mieux comprendre les mérites, qualités et caractéristiques des divers vins afin de mieux répondre aux besoins de leurs clients.

jeudi 8 décembre 2011

UNE SOIRÉE EN CHAMPAGNE

Elizabeth qui rentrait de Paris le jour même me rappelait que les Français considèrent le champagne rosé comme un vin destiné aux touristes et à l’exportation. Est-ce vrai? Je ne sais trop. Ici, il est populaire, surtout l’été et dans le temps des fêtes.

Nous en avons trois d’aligner devant nous : Tolérance de Franck Pascal, disponible pour la première fois à la SAQ (cellier de novembre), le Rosé de Bruno Paillard; à la SAQ également, et celui de Francis Boulard en importation privée chez Vinealis.

Le vin de Pascal est léger, fin, très rafraichissant, aux bulles fines moyennement abondantes, un nez subtil peu « levuré » et une bouche plutôt délicate. Joli vin. Celui de Paillard est très pâle aux reflets orangés, on dirait presque un gris. Un nez plus complexe que le précédent, mais de la finesse aussi. Il passe bien avec les huitres et la mousse de crevettes. Enfin, le vin de Boulard est plus costaud, plus minéral, plus droit aussi. Un nez étoffé et complexe, pas racoleur, mais dense, sucre résiduel au minimum, un vin qui se révèle formidable en accompagnement, des aliments disposés sur la table, dont les huitres, la mousse de crevette, les sushis, le homard, le pâté de foie et le caviar… Un champagne pour la table, ce qui est souvent le cas des vins de Boulard.

Les plats font le tour, les bouteilles aussi. Le ton a monté, les rires fusent, les conversations sont animées, le « party est poigné ». Il devient difficile de gérer la dégustation. Les quelques règles de base que nous respectons habituellement sont parties en BULLES.

Que puis-je vous dire des quatre champagnes qui circulent? Ils sont: la cuvée 734 de Jacquesson; le Grand Cru Mailly-Champagne de Francis Boulard, un Brut nature; la Première Cuvée de Bruno Paillard; et le Brut entrée de gamme de Ruinart. Je peux ajouter que malgré le joyeux chaos qui s’est installé, le Jacquesson est accueilli avec tiédeur, mais il reprendra du galon avec les aliments; le Boulard et le Paillard passent discrètement, mais sans être critiqués, ce qui est bien vu l’accueil réservé au Jacquesson; et que le Ruinart semble la vedette incontestée de la soirée. Mais attention, le Dom Pérignon cuvée 2000 n’a pas encore été servi.

Le voici dans toute sa splendeur, éblouissant de complexité et de richesse aromatiques et gustatives. Nous sommes « flaberghasted » comme le diraient mes voisins de Pointe-Claire (prononcer Pointtt Clèrrr).


Un moment le calme s’installe. Tous et chacune accusons le coup. Nous sommes devant un grand vin et la plupart d’entre nous le dégustons pour lui-même, seul, sans manger les tartes aux fruits et frangipanes, les fraises, les framboises et les melons qui se sont ajoutés. « We count our bleesing » célèbreraient mes voisins d’à côté… « Gracias a la vida » s’extasieraient mes voisins vénézuéliens d’en face.

On finit par en revenir . Le temps file. Nous mangeons les tartes et les fruits, desservons la table, ramassons les verres et les crachoirs qui ont peu servi, vous le devinerez. Un peu d’ordre est mis dans la maison de Hélène et Raymond (merci de l’accueil les amis) et l‘on se quitte en liesse en se donnant rendez-vous le deuxième mercredi de janvier.

mercredi 7 décembre 2011

LE FESTIN DES FINAUDS

Les 10 membres réguliers du Club des Finauds sont présents chez Gilles dont la cuisine est joliment équipée et ultra fonctionnelle. 
Chacun est venu avec une bouteille. 


Nos deux cuisiniers, Simon et Julien, ont été informés à l’avance de nos  choix. Nos chefs ont donc préparé un repas en accord avec les vins qui se retrouveront sur la grande table. Je dis un repas mais c’est plutôt un festin qui nous attend.

On démarre avec quatre hors d’œuvres : du saumon fumé maison avec huile d’olive légère et zest de citron; une verrine de crème de petits pois à la truffe noire en espuma; deux huîtres, et un carpaccio de bar et courge. Accompagnent les plats; « Dis vin secret », un champagne brut de Françoise Bedel; et la Cuvée Grande Réserve 1864, Grands crus, blanc de blancs, de Jean Milan.

 Le Bedel est plus tendu, minéral avec une acidité plus jeune et il s’accorde bien avec les plats devant nous. Le Milan, tout chardonnay, est déjà plus mur, rond, brioché, beau nez, belle bouche, les bulles sont plus fines et plus nombreuses que le champagne précédent mais sa complicité avec les plats est moins éloquente.

Les entrées nous entrainent dans un autre registre.
La Lotte à l’huile d’olive noire, qui s’inspire de « Ombres et lumières », une recette du grand chef  Michel Bras, nous jette à terre. Le poisson est juste assez cuit pour ne pas devenir cotonneux. Le goût de l’olive noire est intense et concentré et le Riesling Grand Cru Schlossberg 2004 d’Albert Mann relève le défi de l’accord de belle manière, démontrant une fois de plus les grandes qualités gastronomiques de ce cépage.

Puis une assiette de légumes racines au naturel dont une inoubliable purée de topinambours se frotte à deux belles bouteilles : un Volnay Clos des Ducs 2004 du Marquis d’Angerville et la cuvée « Chante Alouette », un Hermitage 1998 de Chapoutier. Le Volnay s’accorde assez bien avec les légumes. L’Hermitage, légèrement oxydé, est un peu réservé au départ, au nez et en bouche, mais sa complicité avec l’assiette est fort belle. Les convives flottent littéralement et sont conscients de vivre un beau moment.

Mais attention : « much more coming ».


Les plats principaux nous font monter encore d’un cran.
La tartelette feuilletée au boudin noir accompagnée d’un chutney de pommes et oignons, écume au Pommeau de Normandie est tout simplement sublime. Deux vins lui tiennent compagnie : la Petite Syrah de la réputée maison Stag Leap en millésime 2007 et le Château de Beaucastel, Châteauneuf du pape 1998. Le premier en jeunessefait bonne impression. Il est dense, concentré, avec un bel avenir devant lui, mais un peu fougueux pour la finesse du plat, . Le Beaucastel est à maturité, délicat pour un C9dP, subtil et en finesse; merveilleux avec ce plat.

Nous enchaînons avec une  Palette de bœuf à la bière noire, café et poivre long, la sauce réduite, purée de pommes de terre Yukon Gold « Robuchon » et ail rôti. Un Brunello di Montalcino 2003 de la maison Casanova di Neri se présente dans nos verres. Encore vigoureux, aux tanins fondus mais à la bouche et au nez denses et complexes, il s’entend bien avec ce met sans que l’accord ne soit spectaculaire. Ces vins arrivés à maturité affichent souvent une douceur et une langueur que leur jeunesse ne laisse pas toujours présager. Celui-ci est très réussi.

FROMAGES? Non merci crient en chœur  les convives qui n’en peuvent plus bien que les portions soient modestes.  

UN DESSERT? On  respire, on rigole, on discute de notre chance puis une jolie petite tarte aux poires et frangipane de pistaches atterrit devant nous avec un Tokaji ASZÙ « Blue Label » 2006. Nous sommes au septième ciel.

Gracias a la vida et aux chefs Julien et Simon. Ce sera dorénavant une tradition du Club à Noël pas de doute.

Les convives se quittent autour de 23h00, repus et heureux.

samedi 26 novembre 2011

La Syrah

Malgré une hausse marquée de sa popularité depuis une vingtaine d’année et son omniprésence en terre australienne; malgré sa contribution essentielle dans les assemblages réputés des vignobles du Sud de la France et son rôle de « Star » depuis la découverte des magnifiques vins du nord de la Vallée du Rhône, la Syrah reste souvent énigmatique et un peu étrangère aux amateurs de vins qui nombreux se cantonnent dans le Bordelais ou la Bourgogne, la Californie, l’Espagne du Tempranillo, ou l’Italie du Sangiovese et du Nebbiolo.
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Nous sommes dix autour de la table. Le Montlouis sur Loire de François Chidaine a aiguisé nos papilles. Onze bouteilles de Syrah ou de Shiraz nous attendent; de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de la Californie, de l’Espagne et de la France, bien entendu, sa terre d’origine, là où elle trouve sa plus belle expression.

J’ai tenté de réunir des bouteilles qui donnent un aperçu diversifié et de qualité de ce que produit ce raisin magnifique. La dégustation se fait à l’anonyme, et l’identité des vins est divulguée à la fin de chaque série.

La première série
On attaque avec l‘exubérant et joyeux « Le Pousseur » 2007 de l’excentrique californien Boony Doon que plait et plaira d’avantage lorsque les convives connaîtront son prix doux de 24$. Pour une fois que le premier vin n’est pas assassiné. Ça commence bien. Suit le beau vin du petit vignoble d’Adélaïde Hills, le Ngeringa 2006 des jeunes vignerons australiens Janet et Erinn Klein, un vin classique malgré la jeunesse des vignes qui lui donne un petit côté vert, assez inhabituel dans un Shiraz d’Australie. Les convives le garderont jusqu’à la fin et il tiendra sa place  avec modestie aux côtés des belles syrahs du monde.

On enchaîne avec deux produits des Vins de Vienne; le Sonatum 2009 et le Saint-Joseph 2005. Les deux font bonne figure mais les qualités gastronomiques du Saint-Joseph feront merveille avec les charcuteries qui suivront la deuxième série.

La deuxième série
Dès le premier contact avec l’Austin Hope 2005, les dégustateurs rejettent le vin dans un grand mouvement d’unanimité. Il est déséquilibré, aux arômes de goudrons et de caoutchouc brûlé, un vin qui va dans toutes les directions. J’y avais goûté il y a quelques années et il ne m’avait pas paru aussi quelconque. D’ailleurs, deux des personnes présentes le connaissaient bien et furent surpris d’apprendre que la bouteille honnie de cette dégustation était la Syrah de la famille Hope.

Le Calzadilla, un Vino de la Tierra de Castilla en Espagne, ramène l’intérêt de la table par ses arômes de fruits noirs, cassis, mûres et cerise, son milieu de bouche élégant, un peu fumé, et sa belle finale poivrée avec une touche d’épices. Pas mal pour un vin de 30$.

Le puissant et spectaculaire vin du sud-africain David Trafford, gagnant du meilleur vin de l’année 2010 toutes catégories confondues selon le prestigieux Guide Platter’s, tient ses promesses. En millésime 2008 il est jeune, très jeune. Ses tannins sont fermes mais son acidité, ses arômes intenses de fruits noirs qui voisinent avec des notes légères de torréfaction, du poivre blanc, en font un vin équilibré, appelé à vieillir longtemps. On ne sent pas la chaleur de ses 16% d’alcool.

Le Stork  2005 de la maison sud-africaine Hartenberg ferme la marche avec brio. Plus classique, plus de finesse, des tannins déjà fondus, plus léger en alcool aussi, il est plus accessible que son compatriote mais moins prometteur. Les deux vins sud-africains démontrent de belles qualités gastronomiques mais c’est le vin de Trafford qui règnera en maître avec les aliments, dominant même les vins de la Vallée du Rhône.

La troisième série
Le Cornas Les Ruchets 2003 ouvre la marche, suivi de la Côte-Rôtie 2006 « Clusel-Roch » de JL Colombo, et de la prestigieuse cuvée « The Factor » 2006 du génial Australien Tobreck. Wow! Trois  superbes expressions de la Syrah qui, ajoutées aux deux sud-africains, composent un quintette magnifique. Le Torbreck est le plus complexe et le plus nuancé des cinq, ce qui étonne d’un Shiraz d’Australie. Les deux vins de la Vallée du Rhône sont appréciés à juste titre et démontrent aussi de belles qualités gastronomiques.

Le vin de Torbreck disputera le statut de vin préféré de la soirée à la Syrah de David Trafford qui l’emportera finalement parce que deux fois moins cher. On se dira aussi que les deux vins modestes de Bonny Doon et du vignoble australien Ngeringa représentent de loin le meilleur rapport qualité/prix avec le Saint-Joseph des Vins de Vienne.


Les dégustateurs se quittent vers 23h.



mardi 22 novembre 2011

Une incursion en Barolo et Barbaresco

Je dis souvent que les dégustations dites techniques sont cruelles et hier n’échappait pas à la règle.

Les six membres du Club présent avaient choisi de faire un tour du côté du Piémont en privilégiant les Barolos et les Barbarescos. On pouvait aussi apporter une bouteille en appellation plus générique « Langhe », car de plus en plus de producteurs de cette région choisissent d’abriter leurs Barolos et Barbarescos sous ce parapluie plutôt que de se soumettre aux contraintes des DOCG (denominazione de origina calificada y garantita) qui sont importantes en Italie.

Pourquoi cruelle? Parce que dès l’alignement des 6 bouteilles par Conrad, l’un des deux Barbaresco, celui de Pio Cesare en millésime 2006, se révèle ultra boisé, aux arômes de goudron et de pneu calciné qui occultent tout le reste. Un vin très déséquilibré. Une surprise aussi, car la maison Pio Cesare a une belle réputation. Les dégustateurs font fi des conventions et envoient la quille de Monsieur Cesare en fin de ligne. Je vous le dis, dure, dure les dégustations.

Je vous rappelle que ces vins du Piémont sont faits à partir du cépage Nebbiolo, un raisin capricieux, difficile à saisir et à faire évoluer, qui voyage mal, mais qui donne des vins magnifiques une fois apprivoisé et domestiqué par les vignerons et Maître de Chais de cette région du nord-ouest de l’Italie.

Le Premier vin est un Barbaresco 2006 des Produttori del Barbaresco, une des belles coopératives du Piémont. Il est réussi même s’il tarde un peu à se révéler à cause de sa jeunesse. Son  séjour dans le verre nous amènera à découvrir de beaux arômes fruités et fleuris, un peu de fumée, une pointe de réglisse, une belle structure tannique en voie de se fondre. Il sera l’un des préférés.

Le Barolo 2007 de Prunotto suit. De confection plus traditionnelle, privilégiant plus l’opulence et la concentration que l’élégance, il offre peu au nez et à la bouche. Fermé comme une huître, il se laissera deviner et à peine au cours de la soirée. Un vin à laisser dormir dans une cave pour au moins une décennie.

Le Barolo Bussia Dardi Le Rose de la maison  Poderi Colla en millésime 2001 fait son entrée, classique, jeune malgré ses dix ans, les tannins un peu serrés, cerise, goûte de vanille, du cuir, un côté terreux … Une belle finale. Un vin qui va se bonifier en vieillissant.

La star de la soirée se présente, « Il Favot Langhe » d’Aldo Conterno en millésime 2006, une DOC Langhe. Dès l’entrée en bouche la puissance des tannins surprend, mais vite  il s’adoucit, montre de la finesse en milieu de bouche. Sa finale est toute en longueur et subtilité. Des arômes de réglisse, une touche de goudron, légère,  qui fait un contrepoint aux fruits noirs, un peu de bois, mais intégré, une belle acidité. Un équilibre étonnant entre puissance et délicatesse. Il fait honneur à la brillante réputation d’Aldo Conterno. Un vin superbe.

Le cinquième vin ramène un peu de lustre à Pio Cesare, dont le Barbaresco a été solidement écorché par les convives en début de soirée.
Son Barolo 2001 est correct, bien même, avec du bois, mais intégré; des tannins fondus, des arômes assez classiques de prunes, de fruits noirs et de réglisse et légèrement terreux, dans le style espagnol… Pas un «hit» mais apprécié.

Certains parmi nous revisitent le Barbaresco de Cesare en vain.

Puisque Conrad et Olivier sont particulièrement versés dans l’art d’accorder vins et mets, je les laisse commenter les qualités gastronomiques des vins sur ma page Facebook.

La liste des vins en ordre de préférence:.

1) Il Favot Langhe, Poderi Aldo Conterno 2006;

2) Barolo Bussia Dardi Le Rose, Poderi Colla, 2001
3) Barbaresco des Produttori del Barbaresco, 2006
4) Barolo, Pio Cesare, 2001
5) Barolo, Prunotto, 2007
et
6) Barbaresco, Pio Cesare, 2006 (rejeté)

mardi 15 novembre 2011

Le Jugement de Paris revu par le Club des Finaud

Nous étions neuf hier pour revivre un peu le Jugement de Paris de 1976 où les vins californiens avait été mieux évalués que les grands vins français par un jury presque exclusivement composé d’experts français. En blanc, c’est le Château Montelena 1973, vallée de Nappa  qui l’avait emporté par une assez bonne marge alors qu’en rouge c’est le Stag’s Leap Wine Cellar 1973 qui avait coiffé de peu le Château Mouton Rothschild et le Château Haut-Brion.

Nous ne referons pas le débat sur le mérite de ce genre de dégustation. Nous étions là pour nous amuser et voir où nos goûts et notre expertise nous mèneraient.

En blanc nous avions dans l’ordre :
- le Meursault 2008 d’Olivier Leflaive;
- le Puligny-Montrachet, Premier cru Les Referts 2008 de Vincent Girardin;
- le Château Montelena 2008m chardonnay de la Vallée de Nappa,
   le grand gagnant en 1976 à Paris;
- le Grgich Hills Estate 2008 de la Vallée de Nappa.

En rouge, dans l’ordre :
- le Cabernet-sauvignon, Stag’s Leap Winery 2006, Vallée de Nappa,   
  le vignoble dont une des cuvées avait remporté la palme à Paris;
- le Château Malartic Lagravières, un Pessac-Léognan 2006;
- le Cabernet-sauvignon Grgich Hills estate 2007 de la Vallée de Nappa;
- le Château Montrose, un Saint-Estèphe 2006, Medoc.

Disons tout de suite que les dégustateurs ont eu plus de difficultés à distinguer les américains des français en blanc. Finalement c’est le Grgich de Nappa qui a reçu la faveur des dégustateurs devançant par un nez ou deux le Puligny-Montrachet, suivis du Château Montelena de Nappa et le Meursault de Leflaive fermant la marche. Fait à noter, c’est ce même Mike Grgich qui avait vinifié le  Montelena 1973, gagnant à Paris en 1976. Les trois premiers furent tout de même très appréciés des dégustateurs.

En rouge, la plupart des convives ont identifié les vins selon leur origine et le classement fut un peu différent car le Château Montrose, un  « deuxième cru classé » selon  la classification de 1855, a devancé tous les autres de manière décisive. Ensuite, le Stag’s Leap californien pointait à distance, suivi tout près par le Cabernet-sauvignon de Grgich et fermant la marche, décevant, le Château Malartic Lagravière, un Grand Cru classé de Graves que les amateurs de ce vin ne reconnaissaient pas. Il n’avait pas de défauts identifiables; aucune piqure lactique ou ascétique, pas de bouchon, mais un manque flagrant d’harmonie et une lourdeur inhabituelle.

Voilà. Ce fut très amusant, sans prétentions et nous avons reçu une belle leçon d’humilité comme c’est souvent le cas en dégustation à l’anonyme.


samedi 12 novembre 2011

Une aventure en rouge avec le Club "2 Gars des Filles"


Le groupe est sage ce soir, contrairement à ses habitudes. Trois des membres réguliers sont absents. Deux sont coincés dans l’Himalaya en attente d’un avion qui osera braver le mauvais temps. Une autre visite l’Australie. Deux invités ce soir, deux hommes, ce qui change temporairement la nature du groupe puisque hommes et femmes sont presque à parité.

La dégustation de ce soir est un peu spéciale, puisque nous alignons 11 bouteilles de diverses origines en vue d’ouvrir les horizons des convives, de présenter des vins qui n’ont pas souvent l’occasion d’être dégustés parce qu’ils proviennent de cépages ou de régions moins connus, ou encore de régions davantage fréquentées pour leurs blancs. C’est une aventure, mais aussi un bazar…

Trois séries se succèdent. Les vins sont dégustés à l’anonyme et identifiés après chaque série.

La première vague comporte un Poulsard du Jura 2009, celui de la famille Rollet; une Mondeuse de Savoie 2008, la Sauvage du couple Quenard. Le Gamay de Bouze 2010, un des cépages oubliés ramenés par Henri Marionet de la Loire. Le Il Frappato 2008 de Melle Occhipinti de Sicile clôt cette série

Le Poulsard ne passe pas la rampe. Il dérange, il déroute. C’est le premier vin  et souvent la bouteille qui ouvre la soirée passe à la moulinette.  La Mondeuse est fort appréciée malgré le poivre blanc un peu envahissant de son nez. Le vin est jugé droit, simple et agréable. Le Gamay de Bouze, un Gamay à haute intensité, est controversé. Certains adorent, surtout les amateurs de Beaujolais, d’autres détestent. Le « Il Frappato », un cépage originaire de Sicile, impressionne par sa complexité aromatique, une bouche dense, riche, dotée d‘une belle longueur. Au final, ce sont ses grandes qualités gastronomiques qui séduiront tout le monde.

La deuxième vague propose un Cabernet Franc de la Loire, un Chinon, le Château Lagrille 2005, qui fait bonne figure sans plus. Il est bon pourtant, mais un peu tannique et haut en alcool (14.5%) pour un vin de cette appellation. Puis le Malbec 2006 de la maison argentine Catena, retient un peu plus l’attention malgré la présence perceptible des sulfites au nez. Ils s’estomperont après quelques minutes.
Enfin Le Côte du Roussillon 2008, les « Quilles Libres », fait de Grenache, de Syrah et de Carignan, tient bien la route. Cette série, plus conventionnelle que la précédente, soulève moins les passions et anime moins les discussions.

La troisième vague est relevée. On ouvre avec la cuvée classique 2006 du Domaine Tempier, un des beaux vins de l’appellation Bandol en Provence, fait avec du Mourvèdre, du Grenache, du Cinsault et une touche de Carignan. C’est suivi du Carménère 2008 de la maison chilienne Lapostole, du Château Lamartine, cuvée expression 2005, un Malbec du Cahors. Enfin, fermant la marche  la cuvée Prestige du Château Montus 2001, un Madiran du Sud-Ouest de la France comme le Cahors, fait essentiellement de Tannat.

Le Tempier est beau, classique, moins en puissance que d’autres vins de cette appellation privilégiant la finesse et la subtilité. Le Carménère est dense, charnu, aux fruits plutôt noirs un peu « compotés », tannique, pas très complexe, mais plaisant et surtout beaucoup trop jeune. Le Cahors est superbe, intense, fruits noirs un peu acidulés, des tannins présents, mais au grain fin, une bouche droite, pleine avec une finale qui dure et s’éteint lentement et en harmonie. Bel équilibre. Il est bien jeune et se bonifiera au cours des prochains dix ans. C’est la première bouteille que j’ouvre de ce lot. J’en suis ravi.

La fin est glorieuse, car le Château Montus est vraiment à la hauteur de sa belle réputation. Plus prêt à boire que son voisin le Cahors, ses tannins sont plus fondus, l’acidité est belle et des arômes de fruits perdurent. Un bois bien intégré ajoute à la complexité aromatique ou perce des arômes tertiaires de torréfaction. La finale n’en finit plus de ne plus finir. Je ne suis pas un fan du Tannat mais ce vin je l’adore.

Disons en terminant que le Cahors, le Madiran, le Tempier, le Malbec argentin se sont révélés les plus gastronomiques, avec le Frappato qui fut le plus versatile.

samedi 29 octobre 2011

Une soirée en compagnie d'Alice PAILLARD et des champagnes de son père Bruno.

Le champagne BRUNO PAILLARD  est un petit nouveau à l’échelle de la Champagne. A peine 30 ans. Pourtant, il s’est rapidement imposé par sa qualité et par la constance de ses produits.  La soirée viendra confirmer sa réputation. 

Nous sommes plus de 25 avec la jeune Alice, la trentaine a peine entamée, vivante, vibrante et très compétente. Quatre produits nous sont proposés et ils accompagnent un menu gastronomique de bonne tenue. Pourtant, mis à part le premier plat qui a permis au Brut Première Cuvée de mettre ses qualités gastronomiques en évidence, les autres accords étaient plus discutables. Je vais donc me contenter de parler des vins et de leurs qualités.

Le Brut Première Cuvée
On dit toujours que l’on juge un producteur à son produit d’entrée de gamme, son moins prestigieux. Le Brut Première Cuvée fait honneur à la Maison.

Fait exclusivement de jus de première presse, comme tous les champagnes de Bruno Paillard, il inclue les trois cépages courants en Champagne; le Pinot Noir, le Chardonnay  et le Pinot Meunier, dans cet ordre d’importance. Le vieillissement en bouteille sur lies dépasse les 3 ans et les bouteilles reposent au moins 4 mois après le dégorgement, avant d’être mises en marché.

Dégusté dans un verre (pas une flûte ni une coupe) d’une marque que je ne connaissais pas et qui permettait aux arômes de s’exprimer rapidement et largement, le vin démontre une belle minéralité, appuyée sur une acidité vive et fraîche, des arômes d’agrumes mais aussi de petits fruits rouges, dénotant la présence importante du Pinot Noir. Un beau vin à un prix ma foi assez doux si on le compare à sa concurrence; 58.00$. Je l’adopte et il rejoint dans ma cave les produits de Pol Roger, Jaquesson, Francis Boulard et Franck Pascal.

Le Blanc de Blancs Réserve Privée Grand Cru
Très jeune, très vif, bulles délicates et fines, exclusivement composé avec du Chardonnay originaire de terroirs « grand cru » ce vin est vraiment exubérant dans ses arômes d’agrumes, de fruits blancs et de fleurs d’acacia. La minéralité très particulière de la craie, élément composite principal des sols de la Côte des Blancs en champagne, est nettement indentifiable. Champagne superbe, prêt à boire mais qui donnera beaucoup plus si on le laisse vieillir 5 ou 10 ans.
Il est cher à 90$ la bouteille de 750ml.

Le Rosé Première Cuvée
Très pâle pour un rosé, se rapprochant d’avantage du cuivré des gris que du rose appuyé des rosés. Cela dénote un temps de macération très court et une dominance très importante du Pinot Noir dans l’assemblage. Le nez est d’ailleurs typique du Pinot à maturité courte: groseille, fruits rouge acidulés. Belle fraîcheur et qualités gastronomiques évidentes. Il a failli domestiquer un sashimi de thon rouge intensément poivré que même un  Gewurztraminer d’Alsace aurait eu de la difficulté à apprivoiser.
Un des bons rosés que j‘ai eu l’occasion de boire et dans les prix de ses principaux concurrents à de 69.00$

Le Nec Plus Ultra
Le N.P.U. (Nec Plus Ultra) 1995, leur deuxième édition de ce grand vin, est spectaculaire. Les raisins émanent de 5 des meilleurs terroirs « grands crus »; CRAMANT, CHOULLY, MESNIL SUR OGER, VERZENAY et BOUZY le superbe terroir de Pinot Noir. Je vous passe les procédés complexes et sophistiqués de la vinification et de l’élevage pour vous dire que le Chardonnay et le Pinot noir se retrouvent à part égale dans ce vin qui est élevé sur lies durant au moins10 ans.

Des arômes de noix, signalant une jolie et subtile oxydation du vin, des fruits blancs et rouges confits, de la gelée de coing; une richesse aromatique et gustative remarquable et une longueur en bouche qui n’en finit plus de nous ravir. Un très grand vin, très cher, autour de 200.00$, mais pas plus que ses concurrents; les plus grandes cuvées des plus grandes maisons.

Conclusion
Je ne connaissais pas Bruno Paillard et suis heureux d’avoir fait la connaissance de ses vins et de sa fille Alice, une ambassadrice de la marque de talent et une fille fort sympathique. Pour ma part, je m’abonne au Brut Première Cuvée et au Rosé, les deux autres étant trop chers pour mes moyens. 

vendredi 21 octobre 2011

Dans l'univers du Pinot Noir, la Bourgogne n'est pas seule

Les dégustations à l’anonyme ou à l’aveugle sont souvent cruelles et parfois injustes. Ce pourquoi je suis toujours prudent dans la critique des vins après une soirée de dégustation. Celle d’hier est particulièrement éloquente à cet égard, dans la mesure ou des préjugés tenaces sont tombés et des icones ont vu leur dorure s’élimée.

Les vins français en arrachent un peu
Disons tout de suite que des trois Pinots Noirs français un seul s’en est sorti brillamment alors que les deux autres, un d ‘Alsace et l’autre de Bourgogne n’ont pas fait belle figure devant la concurrence du Nouveau Monde.

Le meilleur rapport qualité prix, 
et l’un des vins les plus gastronomiques de la soirée, le « 20 Barrels » de Cono Sur 2008, Vallée Casablanca au Chili à 28.75$. Aromatique, enthousiaste, pas trop « confituré » pour un vin de climat chaud, une belle longueur en bouche, un beau vin sans prétention.

Le clou de la soirée
à la surprise générale, la cuvée « Reed Wineyard » du vignoble californien CALERA, un 2006 à 59.75$; d’une grande finesse et une belle complexité aromatique avec la cerise noire en dominance mais aussi de la fraise et des arômes tertiaires discrets qui ajoutent à sa complexité; tabac, café, très légers une bouche qui suit très pleine malgré la délicatesse, avec une finale longue, toute en nuances.

Très louangé aussi
avec des commentaires moins enthousiastes de quelques dégustateurs, mais dont la grande qualité gastronomique a été reconnue de tous (il a fait un  malheur avec L’Époisse), la cuvée « Ma Favorite » d’Alain Burguet, un Gevrey-Chambertin 2004. Encore jeune, puissant  comme peuvent l’être les  vins de cette appellation communale, d’une grande complexité aromatique, une bouche dense à la persistance aromatique et gustative admirable. Surprenant pour un vin générique. Le prix surprend aussi à 85$, le plus cher de la soirée.

Autre belle surprise
 « Le Grand Clos » de Clos Jordane, Niagara, Ontario canadien, du millésime 2005. Un vin tout en subtilité tellement que les convives ont cru y voir un bourgogne de Chambolle-Musigny ou de Vosne-Romanée. Un  peu cher toutefois à 61.00$ mais, à mon avis, il en valait le prix.

D’autres vins appréciés
Le Chehalem Reserve de l’Oregon en millésime 2006, un pinot noir très classique, encore un Nouveau Monde que les dégustateurs croyaient d’origine bourguignonne et qui a montré de belles qualités gastronomiques. Moins cher un peu à 42.00$. Ne pas passer sous silence non plus les commentaires positifs à l’endroit du Marchand-Burch, Mount-Barrow, Western Australia 2008, lui aussi un peu cher à 57.25$. Enfin l’Amisfield 2008 de Central Otago en Nouvelle Zélande, un des moins chers à 39.50$.

Les déceptions 
Le Bannockburn de Felton Road, Central Otago 2009 de Nouvelle-Zélande pourtant à 59.25$; Le Paul Cluver 2008 de la région d’Elgin en Afrique du Sud;
Le Laurène 2005 du Domaine Drouhin en Oregon, le « F » de Paul Blanck, un alsacien 2005 et le Chambolle-Musigny « Vieilles Vignes » 2007 de Vincent Girardin.

samedi 8 octobre 2011

Au bal des Nuits Saint-Georges


Au bal des Nuits Saint-Georges, j’ai rencontré la petite Juliénas, une petite fille drôlement Gigondas, un sacré beau Meursault, bien charpentée et sous sa robe Bourgueil, un grand cru classique, avec des arômes de cassis et de fraises des bois. On a dansé Anjou contre Anjou sur un Sylvaner à la mode.

Plus tard, lorsque je lui ai proposé de l’emmener dans mon Châteauneuf du Pape, elle est devenue toute Croze-Hermitage! Le temps d’aller chercher mon Chablis au vestiaire, de mettre un petit Corton dans ses cheveux, on est monté dans ma Banyuls, et on a roulé à travers Champagne et Champigny, jusqu’à ne plus Saumur où on était! On s’est baladé Entre-deux-Mers, on est allé à Vacqueyras, les pieds dans l’eau Clairette, on s’est Pouilly-Fuissé dans les dunes et comme la Mercurey montait et qu’on commençait à avoir les Côtes-Rôties, on a décidé de rentrer.

Mais voilà, on s’est retrouvé coincé dans les embouteillages, les bouchons quoi! Je commençais à Minervois sérieusement et la Juliénas et moi, avec ma Languedoc et mon caractère Roussillon, on s’est mis à se crêper le Chinon.
D‘un seul coup elle a claqué la Corbières de la Banyuls et elle est partie.

Je me suis retrouvé comme Macon avec Monbazillac frustré! Quoi! Je me suis dit, elle s’est déjà Sauvignon, avant même que j’aie le temps de la Sauternes. Je vous Jurançon que je l’avais dans le Pauillac. J’en étais si Tokay que j’ai couru après dans Lalande et les Chardonnay pour la rattraper.

Quand on s’est retrouvé et que je l’ai vue en Gros Plant, je lui ai dit : « Ne fais pas ta Pomerol et ne t’en va plus Gamay ». En pleurant, elle est tombée dans mes bras en Madiran : « Ne m’en veux pas, je voulais jute être sûre que ton Saint-Amour était Sancerre ».

vendredi 7 octobre 2011

Un voyage dans le monde du Cabernet/Sauvignon


Nous étions deux gars 7 filles hier soir pour s’aventurer dans le monde puissant, corsé et varié du cépage roi en rouge; le « cabernet/sauvignon ».
Dix bouteilles étaient alignées, en trois vagues, dégustées à l’anonyme. Les prix sont raisonnables sauf pour la dernière vague.


La première vague
Le Cabernet Riserva 2007 d’Alois Lagader, un beau producteur de vins blancs du Trentino- Alto-Adige, a peu impressionné comme c’est souvent le cas pour 1er vin de la dégustation. Beau nez, complexe, sur le fruit, peu sur le bois, mais une bouche courte et décevante, 23.95$. Le Farnito de Carpineto qui suit, une IGT de Toscane 2005, a carrément déplu, 27.85$. « The Highstreet » 2007, de la Maison d’Arenberg en Australie, malgré une simplicité relative, s’en est un peu mieux sorti; plus classique, avec un meilleur équilibre entre l’acidité. L’alcool et la structure tannique, une belle continuité du nez à la bouche. à 22.50$.


La deuxième vague.
La jeunesse fermée, compacte, de la Cuvée Alexandre 2009, de la Maison L’Apostole au Chili, qui clôt la deuxième série, a dérouté les dégustatrices et leur collègue, peu habitués à évaluer un vin aussi jeune et puissant. Ils ont cru le GO sur parole quand aux qualités en devenir de ce futur beau vin… de 33.75$

Le Catena de Mendoza, de la maison argentine du même nom, un vin d’à peine plus de 20$, millésime 2005, a fait l’unanimité. Puis le Malbrook de Klein Constantia 2008, d’Afrique du Sud, a su trouver des admirateurs, à 25.00$


On choisit pour la suite
Nous avons attendu la dernière vague pour opposer aliments et vins et chacun des convives pouvait garder deux des six vins des premières vagues pour le lunch qui suivra plus tard. Le Catena et le Malbrook furent choisis.


« We get into the crox of the matter »
« The Mint 2008 » , de la maison Thelema en Afrique du Sud porte bien son nom car des arômes de menthe poivrée survolent les arômes tertiaires (café, cacao, tabac) de ce vin sympathique aux qualités gastronomiques évidentes. Élevé en barriques à 50% neuves pendant 18 mois, la présence du bois est fondue et discrète, ce qui étonne pour un vin aussi jeune. 46$, ce n’est pas donné mais il le vaut.

Le grand frère du Catena de Mendoza, le Catena Alta 2006 est exubérant, aux arômes de fruits noirs. Quelques arômes discrets de torréfaction nous indiquent qu’il entre en tertiaire. Les tannins sont présents mais en voie de se fondre. Il est très apprécié malgré son prix de 46.75$.

Le Deheza del Carrizal 2004, de la Castilla la Mancha en Espagne est plus discret, plus effacé, d’une plus grande finesse. Il surprend par sa délicatesse. Il est venu remplacer à la dernière minute le Mas La Plana 1995 de Torres en Espagne qui était bouchonné. Il se révélera très flexible avec les aliments. 40.00$

Enfin, fermant la marche, un très beau cabernet/sauvignon américain, puissant mais harmonieux, l’Atalon 2003 de la vallée de Nappa en Californie. Assez fort en alcool à 15%, on ne le sent aucunement tant l’équilibre est beau. Des tannins très présents mais fondus, au grain fin; de belles persistances aromatique et gustative, une finale longue et ronde, intégrée jusqu’à la fin. 62.50$


Un cadeau d'anniversaire
Puisque c’était l’anniversaire la veille de deux de nos jeunes filles, nous avons ouvert mon avant dernière bouteille du Robert Mondavi Réserve 1999, du vignoble d’Oakville dans la vallée de Nappa en Californie…SUBLIME!!!!

mardi 4 octobre 2011

Une dégustation en forme de Quiz

Adam nous avait préparé tout un jeu, simple en apparence mais qui mettait rudement à l’épreuve nos talents et connaissances de jeunes dégustateurs...  Jeunes dans le sens de « pas si expérimentés que ça ».

Voici le jeu :

Trois châteaux, deux millésimes pour chacun, dans une des appellations communales du Médoc, avec écart d’âge de 20 ans entre le plus vieux et le plus jeune des six vins.

Nous avons la liste des prix payés à l’époque de l’achat et la cote donnée par la « Gang à Parker ». Il y a trois notes de 90 sur le lot dont une est attribuée à une bouteille par trio. Les autres cotes sont 95 (wow!), 86 et 85 .

Les vins sont dégustés, deux par deux, notés, évalués en silence puis en échange. Adam essaie de ne pas nous donner d’indices mais on finit par apprendre que seules les AOC Saint-Estèphe, Pauillac, Saint-Julien et Margaux sont concernées. Pas de Moulis ni de Listrac. On s’en doutait un peu.

Une fois les trois trios dégustés, nous devions trouver l’appellation de chaque trio, les millésimes, la note Parker et le prix payé.

Les appellations?
Disons tout de suite qu’en appellation le groupe a été plutôt faible. Seule Carole a identifié correctement deux AOC sur trois. Moi? Deux sur trois mais pas aux bons vins.

Les millésimes?
Nous avons été meilleurs.  Moi? Quatre sur six, les deux autres à moins de deux ans.

Les cotes et les prix?
Pas mal dans le champ tout le monde sauf quelques exceptions. Moi? La catastrophe.  Deux cotes sur six, aucun prix correct.



Les justifications et les excuses?
Mon cerveau, habile à produire de la « métaphysique de compensation », me suggère des excuses : « J’aime pas beaucoup les Bordeaux, je ne les fréquente pas beaucoup, je ne les connais donc pas vraiment. ». « Les Bordeaux, ce sont des vins de cuisiniers, qui ajustent constamment la recette d’une année à l’autre pour s’adapter aux meilleurs raisins et au meilleur assemblage possible des 5 cépages autorisés, en variant la présence du bois et son intensité. »

Moralité?
Les dégustations à l’anonyme, même lorsque simplifiées, sont un solide défi pour n’importe quel amateur ou professionnel. Seule une pratique constante, en prenant des notes sur  chaque vin dégusté, un travail acharné pour développer une mémoire des odeurs (donc des arômes) mais aussi les connaissances acquises, permettent aux meilleur(e)s de se démarquer et d’augmenter leur capacité d‘identifier correctement les vin, à l’aveugle ou à l’anonyme, sur une base régulière. Et un foie solide.

Quels étaient les vins?
Saint-Estèphe : le Château Meyney, non classé, 1986 et 2005, cotes 90 et 86 au prix de 60$ et 43$.
Margaux : Château Lascombe, 2e Cru classé, 1995 et 2006, cotes 85 et 90, prix 84$ et 103$.
Saint-Julien : Château Branaire-Ducru, 4e Cru classé, 2004 et 2005, 90 et 95(*), prix 54$ et 98$.

Le clou de la soirée : Le Château Lascombe, Margaux 1995, malgré la note de 85 donnée par Parker.
Le plus prometteur mais trop jeune, tellement  trop jeune : le Château Branaire-Ducru 2005, celui qui a eu la note Parker de 95.
Le plus gastronomique, avec les fromages et les charcuteries que nous avions hier : Le Château Branaire-Ducru 2004.



jeudi 29 septembre 2011

Les Sauvignons du Chili

Comme sa grande voisine l’Argentine, le Chili affectionne plus les rouges que les blancs puisque seuls 27% des vins qui sortent du vignoble sont blancs. De ceux-ci, le Sauvignon est de loin le plus populaire.  Pourtant, si on le compare au Cabernet-Sauvignon, le rouge chilien dominant, la Syrah, le Merlot ou encore le Carménère, le sauvignon influence peu l’image de marque de ce pays.

 Alors, pourquoi assister au séminaire sur le sauvignon qui se donnait hier en marge de la grande dégustation annuelle des Vins du Chili à Montréal? Je connaissais les sauvignons français, italiens, sud-africains et néo zélandais, mais pas du tout ceux du Chili. Je ne pouvais passer à côté.

Une tournée rapide

Une heure avant le rendez-vous, pour me faire une idée, j’ai fait le tour des principaux producteurs et goûté leurs sauvignons. Une vingtaine au total. Ma première impression? Il y a de tout, dans tous les styles, la qualité est parfois au rendez-vous et les prix sont bas.

Le séminaire viendra confirmer cette première impression.

Le choix des 12 vins est judicieux et représentatif de ce que l’on trouve dans ce pays. La présentation du sommelier Bertrand Eichel fait le tour de la question avec des infos de « background » pas trop fastidieuses. C’est ce même Eichel qui avait fait le séminaire de l’an dernier sur le Carménère.

On passe vite en revue les 12 vins faute de temps car il faut libérer la salle et il n’y a pas assez de bouchées (quelques accords avec le fromage de chèvre) pour tout le monde mais le travail de Eichel est impeccable. Ses descriptions et ses notes de dégustation sont pertinentes, sans fla fla. Du beau travail et avec le sourire.

Que faut-il en retenir?

La plupart des Sauvignons proviennent des vallées de l’Aconcagua, de Casablanca et de San Antonio, des régions voisines situées au centre/nord du pays, où les nuits sont fraîches, à cause de la proximité des Montagnes et de l‘océan où circule le Courant de Humbolt, un courant froid qui remonte vers le nord.

Plusieurs sont de style néo-zélandais, hauts en contrastes, aux arômes d’agrume un peu envahissants et à l’acidité agressive. D’autres se rapprochent des meilleurs de la Loire et de l’Afrique du Sud, un peu plus végétal, mieux équilibrés, avec une certaine finesse. Et puis, il y a les autres, les vins de terrasse sympathiques dont on a peu à dire sinon qu’ils sont rafraichissants et sans histoires. Enfin, il y en a quelques uns qu’il faut oublier.

Mes préférés, dans l’ordre :

1) Le Tarapaca Gran Reserva 2011 de Vina San Pedro en IP, prix non disponible…
2) L’Amaral de MontGras 2010, code SAQ 11446534 à 17.95$
3) Le Ventisquero Queulat 2011, code SAQ 11541419 à 16.95$
4) Le Medalla Real 2010, de Santa-Rita, à 17.15$ en IP

D‘autres vins intéressants durant la dégustation?

- Le Carménère de la ligne Marquès de la Casa de la maison Concha y Toro; de la fraîcheur, de beaux arômes de fruit, pas trop boisé, à un prix plus que convenable, autour de 20$.
- L’Errazuriz, Don Manimiano Fouder’s Reserve 2007, puissant, racé avec un équilibre et une finale en bouche éblouissantes, un très beau vin mais cher à 78.25$.
- Les Pinots Noirs de Cono Sur, surtout le « 20 Barrels Limited Edition » 2008 à 28.15$
- Le Merlot de Cono Sur (encore eux) le « 20 barrel Limited Edition » 2008 à 27.95$


samedi 24 septembre 2011

Une aventure dans le monde des vins blancs.

Nous sommes dix autour de la table. Le petit verre de champagne « Les Murgiers » de l’ami Francis Boulard a réveillé nos papilles et animé les conversations.

On commence doucement


La première série de 3 vins circule d’un convive à l’autre, à l’anonyme.
L’albarino du Rias-Baxias en Espagne, le Fillaboa 2008, se montre très aromatique mais sans profondeur ni complexité. Le Gavi de Bruno Broglia du Piémont, fait de cortese, plait d’avantage. Plus subtil, plus complexe avec de la minéralité (nez légèrement pétrolé) et une belle acidité. L’Estate Argyros 2009, 100% assyrtiko, en réduction au début de l’après-midi, ne fait pas bonne impression malgré un coup de carafe de quatre heures. L’acidité est belle, la bouche un peu saline mais l’impact d’un nez légèrement « funky » demeure.

Passons aux choses sérieuses

La deuxième série démarre avec un assemblage du Frioul Italien, le Vespa Bianco, Bastianich 2008, fait principalement de chardonnay et de sauvignon et une touche de picolit, que les dégustateurs apprécient pour sa finesse et son acidité enthousiaste. Le Folio de Coume del Mas 2009, un Collioure en grenache gris et blancs et une touche de vermentino, rencontre un succès mitigé, à ma grande déception car j’aime les vins de Philippe Gard.

Le Château La Nerthe, un  Châteauneuf du Pape 2009 force l’admiration. Fait de roussanne, grenache blanc, clairette et  bourboulenc, il est complexe et d’une puissance mesurée pour un C9dP, avec une certaine finesse en bouche et une belle et longue finale. Enfin, le Montus 2000, un Pacherinc du Vic-Bihl d’Alain Brumont fait sensation par sa richesse olfactive, son côté presque capiteux en bouche, et sa superbe couleur d’un  jaune intense. Fait essentiellement de Petit Courbu, un cépage qui entre habituellement en assemblage des Jurançons, il a une belle capacité  de vieillir. Une petite minorité ne tombe pas sous le charme de ce vin vraiment original.

Une comparative de chardonnays italiens

On a tendance à négliger les chardonnays de l’Italie qui sont souvent réussis, surtout dans les régions du Nord. Les trois vins qui sont devant nous proviennent de producteur « top niveau » de l’Italie. Le Rossj-Bass, AOC Langhe, Pémont 2009, de Gaja est fin, d’une belle acidité, et fait penser à certains chablis en dépit d’une minéralité plus discrète. Les grands fans de chardonnay trouvent d’avantage leur compte dans le vin d’Aldo Conterno, un  Langhe aussi, 2007 cette fois-ci, est somptueux, riche, au boisé présent mais bien intégré, aux arômes de poires mûres. Enfin, le Lowengang 2006, un vin d’Alto Adige produit par Alois Lagader est fait sur le modèle des vins du nouveau monde; lourd, brioché, beurré, au bois ultra présent, qui plait à une solide minorité. Ce type de produit étonne de la part d’un vigneron qui nous a habitué à des vins plus fins, plus européens de style et de conception.

Attention on passe aux vins « oxydatifs »

Je lance cette série avec la Cuvée Victoria de Benoît Badoz, savagnin du Jura 2006, le cépage duquel on fait le fameux Vin Jaune. Tout le monde aime. Ce vin n’est pas ouillé, donc pas oxydatif, mais cela aide à amener les membres réticents du groupe vers la suite.

 J’enchaîne avec un Château-Chalon 1998 d’Henri Maire, un superbe Vin Jaune qui fait des prodiges avec un fromage Comté de 2007 et un l’Étivaz suisse de 2008. Suit un  Jerez Palo Cortado Viejo, essentiellement travaillé avec du palomino,  la cuvée Apostoles de Gonzales Biass, un vin qui a plus de 30 ans; un des 10 vins les plus intéressants que j’ai bus. Une couleur ambrée, des arômes d’une diversité et d’une complexité étourdissantes, une bouche dense, intense, très en sec au début et qui se termine dans une longue finale où vient se déposer un soupçon de sucrosité qui nous émeut. WOW!

On ferme la dégustation avec la cuvée Noé, du même producteur, fait exclusivement avec du Pedro Ximénez, un vin d’une douceur infinie, sombre de couleur, à la texture liquoreuse et suave. Un superbe vin qui fait pâlir les Portos, même les plus vieux. Deux des dégustateurs sont incapables d’apprécier ces trois vins et quelques autres aiment plus ou moins l’un ou l’autre de ces vins. Nous sommes 5 à trouver qu’il s’agit là d’une grande fin de dégustation. Cela dit, nous rentrons tous heureux.

jeudi 15 septembre 2011

Une dégustation toute en sauvignon: le Club "2 Gars des Filles"

La dégustation prend du temps à démarrer, le groupe ne s’est pas vu depuis la mi-juin. Après quelques appels vocaux retentissants, le Gentil Organisateur convainc les filles et les 2 autres gars de s’asseoir pour déguster la première série de 4 vins destinés à illustrer la diversité relative du sauvignon.

La première vague
Peu de choses à dire sur le Saint-Bris 2009, un anachronisme bourguignon produit au sud du Chablis dans le Vignoble du Grand Auxerrois et qui se montre peu convaincant. Le Domaine d’En Ségur 2008. Vin de pays des Côtes de Tarrn, herbacé, doté d’une acidité modeste, représente bien les sauvignons de région chaude. Le Blanc Fumat de Colli Eugenio Collavini 2007 du Frioul italien est légèrement oxydé, sans doute un vieillissement prématuré. Enfin, le Montes 2010 du Vignoble Leyda au Chili, se fait remarquer par une belle acidité, ses arômes d’agrumes pas trop explosifs, son bel équilibre et un prix doux à 16.85$. Très typique des régions plus froides.

La deuxième vague
Deux vins de régions fraîches ouvrent la voie de cette vague ; deux vins de l’hémisphère sud, un sud-africain et un incontournable néo-zélandais, deux pays reconnus pour leurs sauvignons.

Le vin d’entrée de gamme de Klein Constantia 2010 impressionne ; équilibré, belle acidité, beaux arômes d’agrumes, pamplemousse blanc et touche de citron, et une finale en bouche de longueur respectable, un vin à prix modeste:18.00$. Le Kim Crawford 2009, vin emblématique de la région de Malborough en Nouvelle-Zélande, est tout à fait fidèle à lui-même : arômes de pamplemousse rose très agressifs, bouche obsédante, peu subtile, à l’acidité exacerbée. « In your face ». ll déplait à une nette majorité.

Le Château Cruzeau 2007, un Pessac-Léognan, plus rond, aux arômes de poires vertes, visiblement élevé en barrique, passe bien la rampe même si le style déroute un peu. Le Château Saint-Jean 2008 de la Russian River Valley en Californie, élevé avec la même approche, déçoit. Le bois est envahissant, mal intégré, le fruit est occulté, l’acidité mise en berne.


La pause bouffe
On fait une pause pour manger un peu et vérifier les qualités gastronomiques des 4 vins. Au menu : asperges blanches avec huile citronnée, saumon fumé de Nouvelle-Écosse avec oignons, câpres, huile douce et touche de citron, et ceviche de pétoncles avec persil.
Les vins qui s’en tirent le mieux : le sud-africain et le bordelais.

Une finale toute en Loire
On aligne maintenant les 3 Sancerres, ceux de Alphonse Mellot, « La Moussières 2009 ; de Henri Bourgeois, la cuvée Jadis 2008 ; et de Claude Riffault, la cuvée les Boucauds 2008. Le Blanc Fumé de Pouilly 2008 du Domaine Didier Dagueneau ferme la marche. C’est l’abondance et la révélation pour les dégustateurs sur le potentiel du Sauvignon à donner de beaux vins, de très beaux vins… Le plus puissant, celui d’Henri Bourgeois, le plus acide celui de Riffault ; le plus versatile et le meilleur rapport qualité/prix, celui d’Alphonse Mellot ; enfin, le plus fin, le plus profond, celui qui a dominé la soirée « le Blanc Fumé de Pouilly »  du Domaine Didier Dagueneau.

Qui s’accorde avec les fromages ?
Les plus aptes à s’accorder avec les fromages de chèvres, le Brebis et le pâte ferme de lait de vache : le Alphonse Mellot et le Henri Bourgeois. Curieusement, le Dagueneau, plus fin, plus subtil est le seul à s’accommoder un tant soit peu de la puissance aromatique et texturale du Beaufort de Savoie. Le Brebis était un Zachary Cloutier. Les chèvres : le Carré Villageois et le Bouq’émissaire de France ainsi que la Tome des Joyeux Fromagers du Québec.
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Les coups de cœur :
Le Didier Dagueneau, le Henri Bourgeois et l’Alphonse Mellot, trois vins de la Loire.

Aimés presque unanimement; le Klein Constantia d’Afrique du Sud et le Montes du Chili.

Appréciés mais en retrait des précédents, le Claude Riffault et le Pessac-Léognan.