mardi 8 mai 2012

Découvrir à l'aveugle des vins issues de sols de schistes? Pas évident.


Le défi était de taille, le projet ambitieux. Les vins issues de sols de schiste sont ils reconnaissables entre tous, pouvons nous les distinguer des autres sans coup férir. Rappelons que le schiste est une pierre feuilletée qui vient d’une compression extrême de l’argile et il y a autant de variétés de schistes que d’argile. L’ardoise par exemple…

Ce qui me rendait perplexe c’est sans contredit que le schiste en général affleure, i.e. qu’il se trouve en surface, jamais beaucoup plus épais qu’un mètre, alors que les racines de la vigne descendent dans les sols plus profonds pour trouver son eau mais aussi ce qui la nourrit. Là encore, il y a foule; des sols nombreux et divers qui vont influencer la plante et ses fruits indépendamment des schistes qui se trouvent au dessus.

Pourtant, des vignerons, des producteurs, des négociants, des oenologues importants et influents soutiennent  que l’on reconnaît les vins dits de schistes par leur très grande tension, leur minéralité presque exacerbée; en rouge par leurs tannins serrés et denses, et par certains arômes fumés…

Le projet d’hier soir, mené par Simon, visait à vérifier tout ça. Trois séries de trois vins dont une en blanc qui ouvrait la marche. Deux vins de schiste par série et un pirate. Des millésimes variés, histoire de nous faire chercher un peu, de nous amuser. Des cépages variés, des régions et des pays divers, pour nous pousser un peu plus loin, augmenter la difficulté.

Disons tout de suite que Carole, Julien et Adam étaient en feu, et Conrad égal à lui même, un dégustateur de première force. Un fort taux de succès donc pour identifier les cépages, les régions et pays  d’origine, les millésimes et parfois même le domaine ou le vigneron producteur. Les vins étaient très variés et en général de belle qualité.

Disons que la série en blanc nous a permis de bien démarrer car un  pinot gris alsacien était situé entre un riesling allemand et un chenin de Savennière en Loire. Un vin  plus lourd, plus rond, au coloris plus dense et doré, à l’acidité moins enthousiaste que les deux autres. Facile donc de le sortir du rang et de l’établir comme non « schisteux ». Avec les rouges ce fut plus difficile, surtout la dernière série, la meilleure, mais où les caractéristiques habituelles ne se retrouvaient pas, du moins pas de façon évidente.

Conclusion, on ne peut pas dire que c’est évident et je crois vraiment qu’à part des exceptions spectaculaires comme certaines cuvées de Didier Dagueneau en Sancerre ou certains vins de Faugères et du Roussillon, le schiste ne marque pas autant les vins qu’on le dit, moins que le terroir dans son ensemble surtout moins que les sols qui se trouvent en dessous d’où la vigne tire le maximum de nutriments.

Cela dit, nous avons passé une belle soirée et l’effort de Simon à varier les origines et les types de vin était remarquable.

Voilà notre appréciation des vins dégustés, notre « hit parade ».

Top 4
1) Domaine Alain Voge, Cornas « Les Vieilles Vignes » 2007, sols granitiques
2) Pinot Gris Rosenberg, Dom. Barmès Buecher, Alsace 2008, argile et calcaire
3) Cims de Porrera, Priorat, Classic 2000, Espagne, schiste
4) Jean Foillard, Morgon Côte de Py, Beaujolais 2010, schiste.

Mention
5) Savennières Clos le Grand Beaupréau, Domaine Ogereau 2009, schiste

Les autres qui font moins l’unanimité :
6) Côte du Roussillon ‘Si mon père savait… » Bernard Magrèz 2004, schiste
7) Redoma, Nieporrt, Douro 2007, schiste
8) Mas Julien, Côteaux du Languedoc terrasses du Larzac 2008, silice et grès
9) Riesling Kabinett, Schloss Schönborn, Johannisberger Klaus 1994, schiste

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