Le
défi était de taille, le projet ambitieux. Les vins issues de sols de schiste
sont ils reconnaissables entre tous, pouvons nous les distinguer des autres
sans coup férir. Rappelons que le schiste est une pierre feuilletée qui vient
d’une compression extrême de l’argile et il y a autant de variétés de schistes
que d’argile. L’ardoise par exemple…
Ce
qui me rendait perplexe c’est sans contredit que le schiste en général
affleure, i.e. qu’il se trouve en surface, jamais beaucoup plus épais qu’un
mètre, alors que les racines de la vigne descendent dans les sols
plus profonds pour trouver son eau mais aussi ce qui la nourrit. Là encore, il
y a foule; des sols nombreux et divers qui vont influencer la plante et ses
fruits indépendamment des schistes qui se trouvent au dessus.
Pourtant,
des vignerons, des producteurs, des négociants, des oenologues importants et
influents soutiennent que l’on
reconnaît les vins dits de schistes par leur très grande tension, leur
minéralité presque exacerbée; en rouge par leurs tannins serrés et denses, et
par certains arômes fumés…
Le
projet d’hier soir, mené par Simon, visait à vérifier tout ça. Trois séries de
trois vins dont une en blanc qui ouvrait la marche. Deux vins de schiste par
série et un pirate. Des millésimes variés, histoire de nous faire chercher un
peu, de nous amuser. Des cépages variés, des régions et des pays divers, pour
nous pousser un peu plus loin, augmenter la difficulté.
Disons
tout de suite que Carole, Julien et Adam étaient en feu, et Conrad égal à lui
même, un dégustateur de première force. Un fort taux de succès donc pour
identifier les cépages, les régions et pays d’origine, les millésimes et parfois même le domaine ou le
vigneron producteur. Les vins étaient très variés et en général de belle
qualité.
Disons
que la série en blanc nous a permis de bien démarrer car un pinot
gris alsacien était situé entre un riesling
allemand et un chenin de Savennière
en Loire. Un vin plus lourd, plus
rond, au coloris plus dense et doré, à l’acidité moins enthousiaste que les
deux autres. Facile donc de le sortir du rang et de l’établir comme non
« schisteux ». Avec les rouges ce fut plus difficile, surtout la
dernière série, la meilleure, mais où les caractéristiques habituelles ne se
retrouvaient pas, du moins pas de façon évidente.
Conclusion,
on ne peut pas dire que c’est évident et je crois vraiment qu’à part des
exceptions spectaculaires comme certaines cuvées de Didier Dagueneau en
Sancerre ou certains vins de Faugères et du Roussillon, le schiste ne marque
pas autant les vins qu’on le dit, moins que le terroir dans son ensemble
surtout moins que les sols qui se trouvent en dessous d’où la vigne tire le
maximum de nutriments.
Cela
dit, nous avons passé une belle soirée et l’effort de Simon à varier les
origines et les types de vin était remarquable.
Voilà
notre appréciation des vins dégustés, notre « hit parade ».
Top 4
1)
Domaine Alain Voge, Cornas « Les Vieilles Vignes » 2007, sols
granitiques
2)
Pinot Gris Rosenberg, Dom. Barmès Buecher, Alsace 2008, argile et calcaire
3)
Cims de Porrera, Priorat, Classic 2000, Espagne, schiste
4)
Jean Foillard, Morgon Côte de Py, Beaujolais 2010, schiste.
Mention
5)
Savennières Clos le Grand Beaupréau, Domaine Ogereau 2009, schiste
Les autres qui font moins
l’unanimité :
6)
Côte du Roussillon ‘Si mon père savait… » Bernard Magrèz 2004, schiste
7)
Redoma, Nieporrt, Douro 2007, schiste
8)
Mas Julien, Côteaux du Languedoc terrasses du Larzac 2008, silice et grès
9)
Riesling Kabinett, Schloss Schönborn, Johannisberger Klaus 1994, schiste
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