vendredi 10 février 2012

D'OÙ VIENNENT LES SUPER TOSCANS?

De la Toscane en Italie me répondrez-vous. Oui, mais encore?

Pour comprendre ce phénomène, il faut se rappeler que les italiens sont farouchement indépendants et souvent réfractaires aux contraintes qui briment leur liberté et leur créativité.  Or, le système des appellations contrôlées de l’Italie, comme celui de la France et de l’Espagne ont des exigences fort  élevées pour quiconque se réclame d’une appellation spécifique comme « Chianti Classico » ou « Barolo » ou encore « Amarone della Valpolicella ».

Il y a seulement le ¼  de la production totale de vin en  Italie qui sont sous le parapluie des appellations contrôlées de qualité : DOC, Denominazione di Origine Controllata; ou DOCG, Denominazione di Origine Controllata e Garantita. Par contre, le Vino de Tavola (vin de table), catégorie où les exigences sont minimalistes, comprend à elle seule  la ½  de la production totale. Très italien n’est-ce pas? Où est l’autre ¼?

Au milieu des années soixante-dix, alors que la Toscane et quelques autres régions  amorcent un virage vers la qualité, quelques producteurs toscans dont les cousins Nicolo Incisa della Rochetta et Piero Antinori, développent des Vins de Table de très grande qualité, hors des normes. Le Sassicaia et le Tignanello, deviennent fort populaires chez les grands amateurs de vin de Toscane. Ils seront  suivis par les  OrnellaiaSolaia, Il Querciolaia, Brancaia, Vigorello et tant d’autres, au point qu’ils font ombrage aux grandes appellations de la Toscane telles les Brunello di Montalcino, les Vino Nobile de Montepulciano, ou les Chianti Classico.

Pris de court, le gouvernement italien veut encadrer ce phénomène. À l’image des « vins de pays » en France, il crée au milieu des années quatre-vingt-dix la nouvelle appellation, IGT, Indicazione Geografica Tipica, pour permettre aux vignerons italiens qui le souhaitent de produire à leur manière, presque sans contraintes, les vins de qualité qu’ils veulent, mais hors du fourretout peu reluisant des Vino de Tavola, les fameux vins de table italiens. En 20 ans, 120 nouvelles zones IGT sont créées dans la foulée des 6 IGT de Toscane. Voilà où est le dernier ¼ .

Les Super Toscan sont tous produits en IGT dont certains atteignent des prix qui dépassent parfois ceux des plus grandes DOC et DOCG du Piémont, de la Vénétie et de la Toscane, les trois régions reconnues pour la qualité de leurs vins.

Attention, tous les « Super Toscans » sont en IGT mais toutes les IGT de Toscane ne sont pas des « Super Toscans » à fort prix. Plusieurs sont à coûts abordables. En Toscane, les  Insoglio, Col di Sasso, Massa, Farnito, Centine, Villa Antinori, Le Volte, Santa Cristina, Dogajolo, sont moins chers et  souvent fort bons. Ils font concurrence aux DOC tels les Rosso di Montalcino et Rosso di Montepulciano ou encore les Chianti, à des prix comparables et parfois moins bons que les IGT, surtout les Chianti.

Voilà une autre belle histoire d’Italiens.

N.B. Il y a 41 DOCG (Denominazione di Origene Controlatta e Garantita), et 317 DOC, (Denominazione di Origene Controlatta), le sommet présumé de la pyramide de qualité en Italie, qui regroupent 27% de la production totale. Les 120 IGT en sont venues à représenter  le même pourcentage en un peu plus de 20 ans. Pas mal tout de même?

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