UNE DÉGUSTATION GLORIEUSE
Saint-Émilion et Pomerol
Nous sommes douze autour de
la table et disposés à attaquer une dégustation longtemps désirée. La première série
de Bordeaux du Libournais nous attend. Un Pessac-Léognan en blanc, le Château
Brown 2008, nous a « préparé la bouche » comme on dit et l’impatience
se fait sentir.
Première série
Le Château de Fonbel 2007, un
Grand cru de Saint-Émilion, ouvre la dégustation, la première marche de la
montée vers des vins de plus grande qualité. Pas ou peu de commentaires
positifs, un vin sans histoire comme il y en trop parmi les 64 Grands crus de cette région. Il est
pas trop cher, alors on l’épargne un tantinet.
La Fleur de Bouard 2008, un
Lalande de Pomerol, produit par l’équipe du célèbre Château Angélus, fait
sensation. Un beau nez, une bouche charnue une finale respectable et pas plus
cher que le précédent. Il sera d’ailleurs consacré le « meilleur rapport
qualité/prix » de la dégustation
Avec le Château Chauvin 2002,
on saute quelques marches. Un vin à maturité, au nez complexe et intense,
un petit côté rustique qui ajoute à sa
personnalité. Un vin qu’on remarque et
qui ne reçoit que des éloges.
Le Providence, un Pomerol
2006 qui nous amène au premier palier, nous complique la vie un peu. Son nez
est fermé, très fermé ce qui décontenance les dégustateurs. La bouche nous
livre davantage. Une solide structure tannique, un peu ferme, une acidité
présente, insistante même, de la matière, une belle finale. Un vin promis à un
bel avenir mais qu’il faut attendre. Il se révèlera d’une belle flexibilité
gastronomique. Quand même un peu cher.
Deuxième série
Avec les trois vins qui sont
devant nous, on enjambe les marches à grands pas. On entre dans le monde des
magiciens du Merlot, là où on trouve les plus prestigieux représentants de ce cépage
qui peut donner le pire (certains merlots
de Californie) comme le meilleur, selon que l’on connait ses secrets,
qu’on le respecte ainsi que ses terroirs de prédilection.
Le Château Beauregard 2005, un Pomerol nous
enthousiasme. Il est dense, charnu, aux fruits noirs bien mûrs, un vin joufflu
qui entre en bouche sans se faire prier et occupe toute la place. Il est issu
d’un grand terroir, d’une belle maison et d’un fort beau millésime. Sensuel, il
donne du plaisir, de la joie et sa finale est d’une longueur exceptionnelle.
Le Château Figeac 2006, un 1er
Grand cru classé, qu’on croyait appelé à
accompagner le château Angélus dans la catégorie supérieure des 1er
Grands crus classés A, est glorieux, altier, fier, racé, un très grand vin.
L’émotion qu’il procure est grande, intense, même s’il est encore d’une grande
jeunesse. Il domine nettement cette série qui n’est pourtant pas piquée des
vers.
Le Troplong Mondot 2009, qui
vient d’accéder au statut de 1er Grand cru de Saint-Émilion, a un
« tough act to follow » et, malgré ses nombreuses qualités, peine à recevoir l’attention et le respect
qu’il mérite. Les dégustateurs sont sous le
charme et l’emprise du Figeac. Erreur d’ordonnancement monsieur l’animateur de la dégustation. Il
aurait du ouvrir cette série et non pas la terminer. Il sera heureusement
revisité par plusieurs convives en fin de dégustation et il se gagnera quelques
admirateurs.
Attention, ce n’est pas
terminé. Encore deux vins qui par leur élégance et leur finesse vont nous
amener ailleurs, dans un monde plus délicat, plus retenu.
Dernière série
D’abord le Château Belair
2003, 1er Grand cru lui aussi, et depuis longtemps, un vin qui n’a
jamais pris la vedette, qui se situe dans le milieu de son groupe, que l’on aime, que l’on respecte. Il est plus discret que ses semblables qui sont souvent plus intenses, plus exubérants. Quelle beauté
tranquille, toute en nuance, ondulant en
bouche, avec une persistance aromatique et une finale qui dure et qui dure,
mais en légèreté si on le compare à des forces de la nature comme Angélus ou
Figeac. Il sera le vin préféré de plusieurs.
Enfin, ENFIN devrais-je
dire, voilà le Château Lafleur-Petrus
2005 qui se présente dans toute sa splendeur. Voisin du Grand PETRUS comme les
autres seigneurs de Pomerol tels le Vieux Château Certan, Hosanna, l’Évangile, Gazin et la Conseillante, le Lafleur est un vin superbe, noble et généreux.
Quelle émotion; subtile, profonde, durable. Un vin inoubliable qui vient
couronner une des belles dégustations que notre Club a connues au cours de ses
trois années d’existence. On se quitte, repus et contents, avec le sentiment
d’avoir vécu un moment exceptionnel.
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